Chicoutimi a vécu la pire éclosion
Un travailleur sur sept à l’hôpital y a contracté la COVID-19 pendant la deuxième vague
La plus grande éclosion de la deuxième vague de COVID-19 en centre hospitalier au Québec est survenue à l’Hôpital de Chicoutimi, où un travailleur sur sept aurait ainsi contracté le virus.
C’est ce que révèlent des chiffres inédits diffusés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) en vertu de la loi d’accès à l’information.
Pas moins de 618 cas de COVID-19 seraient associés à cette méga éclosion qui s’est étalée sur trois mois, du 13 octobre 2020 au 18 janvier 2021.
De ce nombre, 502 cas auraient été déclarés chez des travailleurs de la santé et 116 chez des patients hospitalisés, selon les données du ministère.
Rappelons qu’au pire de la crise, le CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean a procédé au délestage de 70 % des capacités opératoires de cet établissement qui embauche environ 3500 employés à temps complet et partiel.
Largement épargnés par la première vague qui s’est concentrée à Montréal au printemps dernier, les soignants des régions comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean pourraient avoir été pris par surprise par la deuxième, estime la professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal Roxane Borgès Da Silva.
L’éclosion monstre de l’Hôpital de Chicoutimi resterait toutefois une exception, selon elle.
« Quand on voit qu’il y a des cas qui commencent à apparaître et que ça commence à se contaminer, on va tout mettre en place pour circonscrire et, en général, une éclosion ne va pas plus loin qu’une quinzaine ou une vingtaine de cas et ça dure trois semaines, un mois au max, et c’est fini », explique-t-elle.
EXPLOSION DU TEMPS SUPPLÉMENTAIRE
La présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Julie Bouchard, témoigne des difficultés vécues sur le terrain au cours de cette période, en raison des nombreuses absences liées aux cas de COVID-19 parmi le personnel.
« À plusieurs reprises, le temps supplémentaire obligatoire explosait de manière incroyable. Il a dû y avoir imposition des horaires de 12 heures, on n’y arrivait pas parce qu’il n’y avait pas le personnel nécessaire, entre autres aux soins intensifs », se souvient-elle.
« On pensait avoir appris de la première vague, mais ce n’était pas suffisant », ajoute Julie Bouchard, en déplorant la lenteur des autorités locales à procéder au délestage d’opérations.
Appelé à commenter les chiffres diffusés par le MSSS, mardi, le Centre intégré de santé et services sociaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean n’était toujours pas en mesure de le faire hier soir.
TRISTE PALMARÈS
Plusieurs hôpitaux de régions, mais aussi certains du grand Montréal se retrouvent parmi le triste palmarès (voir encadré), dont ceux d’Alma, Pierre-Boucher en Montérégie, du Lakeshore à Montréal, de Lachine à Montréal et de l’Enfant-Jésus à Québec.
Ces données concernent uniquement la deuxième vague de COVID-19 qui a débuté dans la province à partir du 23 août dernier puisque le registre des éclosions du gouvernement a été créé à ce moment, précise le MSSS.
— Avec la collaboration de Sarah Daoust-Braun, Bureau d’enquête