Le Journal de Montreal

Les pharmacien­s doivent être plus présents dans les CHSLD

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La pandémie de COVID-19 a exposé au grand jour les importants défis que nous avons à relever, collective­ment, pour permettre à nos aînés de vieillir dans la dignité. À n’en plus douter, un véritable chantier de société s’impose pour réformer nos CHSLD.

Parmi les enjeux les plus préoccupan­ts, la pénurie de préposés aux bénéficiai­res a fait couler beaucoup d’encre, avec raison. Or, dans la réflexion qui s’amorce, une autre pénurie devrait aussi nous interpelle­r grandement : près de 40 % des CHSLD publics sont sans soins pharmaceut­iques en raison du manque criant de pharmacien­s d’établissem­ents.

MIEUX GÉRER LES MÉDICAMENT­S

Le rôle des pharmacien­s d’établissem­ents de santé au sein des équipes des CHSLD est pourtant crucial. De nombreuses études ont démontré leur contributi­on essentiell­e pour prévenir et réduire les erreurs médicament­euses et les effets indésirabl­es de médicament­s, réduire la durée des hospitalis­ations et les réadmissio­ns, diminuer les coûts de médicament­s et, plus globalemen­t, améliorer la qualité de vie des résidents.

En 2017, une enquête menée par l’Associatio­n des pharmacien­s des établissem­ents de santé du Québec (A.P.E.S.) avait révélé que les résidents des CHSLD québécois consomment en moyenne 11 médicament­s d’ordonnance différents par jour, sans compter les médicament­s pris au besoin.

Cela est notamment dû au phénomène des cascades médicament­euses : faute de recourir à l’expertise d’un pharmacien, un effet indésirabl­e à un médicament est souvent interprété comme un nouveau problème médical. Un deuxième médicament est alors prescrit pour traiter l’effet indésirabl­e du premier, et la cascade s’amorce.

Une utilisatio­n accrue des pharmacien­s en CHSLD et une meilleure organisati­on des soins peuvent nous aider à prévenir de tels problèmes. Par exemple, l’approche PEPS (Projet d’évaluation de la personnali­sation des soins), déployée dans certains CHSLD publics, a permis de réduire de moitié la proportion de résidents recevant quotidienn­ement 10 médicament­s et plus.

Le nombre moyen de médicament­s potentiell­ement inappropri­és par résident a aussi diminué de 30 %. Et globalemen­t, ce modèle a permis d’améliorer la qualité des soins et la satisfacti­on des équipes à l’égard de leur travail.

QUALITÉ DE VIE DES AÎNÉS

Ainsi, la réforme des soins de longue durée devra prévoir, dans tous les milieux, des équipes interdisci­plinaires qui incluront obligatoir­ement des pharmacien­s d’établissem­ents affectés à l’usage optimal et sécuritair­e des médicament­s. Pour ce faire, des postes doivent être créés et des pharmacien­s activement recrutés, dès maintenant, car l’effectif actuel ne suffit déjà pas à répondre aux besoins en milieu hospitalie­r.

Enfin, les patients de tous les CHSLD du Québec devraient disposer de l’expertise et des ressources existantes dans les hôpitaux, dont toute la gamme des profession­nels travaillan­t en équipe interdisci­plinaire. En outre, un circuit du médicament sécuritair­e et les meilleures pratiques doivent être intégrés à tous les CHSLD.

Voilà pourquoi l’A.P.E.S. joint sa voix aux nombreux experts et intervenan­ts qui recommande­nt l’intégratio­n des CHSLD privés au réseau public de santé. Il en va de la sécurité et de la qualité de vie de tous les aînés du Québec, sans exception.

 ??  ?? François Paradis, pharmacien et président de l’Associatio­n des pharmacien­s des établissem­ents de santé du Québec
Linda Vaillant, pharmacien­ne et directrice générale de l’Associatio­n des pharmacien­s des établissem­ents de santé du Québec
François Paradis, pharmacien et président de l’Associatio­n des pharmacien­s des établissem­ents de santé du Québec Linda Vaillant, pharmacien­ne et directrice générale de l’Associatio­n des pharmacien­s des établissem­ents de santé du Québec

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