UNE LENTE ASCENSION
Dominique Ducharme a connu du succès partout où il est passé avant d’atteindre la Ligue nationale
Dominique Ducharme n’a assurément pas brûlé d’étapes avant d’accéder à la LNH. Des rangs universitaires canadiens à la LHJMQ, en passant par le junior AAA, le nouvel entraîneur-chef par intérim du Canadien a fait ses classes avant d’obtenir le poste dont rêvent tous les entraîneurs québécois. Retour sur le parcours du nouveau pilote du CH.
« Je suis fier d’être ici. Ç’a été un long chemin pour m’y rendre et je n’ai pas pris l’autoroute, mais plutôt la route secondaire, et ça me rend fier. Ça m’a fait grandir en tant qu’entraîneur et maintenant je suis prêt pour le défi », a mentionné Ducharme lors de son point de presse d’hier.
La carrière d’entraîneur du natif de Joliette a débuté à l’âge de 28 ans, en 20022003, au terme d’une carrière de joueur qui lui aura fait traîner son baluchon entre la Ligue East Coast, aujourd’hui Premier AA Hockey League, la Ligue américaine et la France.
L’ancien attaquant a débuté dans un rôle d’adjoint avec les Patriotes de l’UQTR, avant de prendre les rênes de l’Action de Joliette au niveau junior AAA pendant quatre saisons. En 2007-2008, Ducharme a rejoint Pascal Vincent et Joël Bouchard parmi le personnel d’entraîneurs du Junior de Montréal dans la LHJMQ et c’est à ce moment qu’on commence à parler de lui comme d’une vedette montante du circuit. En 2011, les Mooseheads de Halifax font de lui leur nouvel entraîneur-chef.
Le passage de Ducharme à Halifax sera couronné de succès : la conquête de la coupe du Président, puis de la coupe Memorial, lors de la saison 2012-2013, puis le titre d’entraîneur de l’année au Canada los de la même année. En 2016, après cinq saisons en Nouvelle-Écosse, il démissionne de son poste afin de se rapprocher de sa famille, toujours à Joliette. Alors que les rumeurs l’envoient avec l’Armada de Blainville-Boisbriand, ce sont plutôt les Voltigeurs de Drummondville qui l’embauchent quelques semaines plus tard. Il y passera les deux saisons suivantes, en plus d’occuper le rôle d’entraîneur-chef d’Équipe Canada junior en 2017 et 2018, remportant l’or à sa deuxième présence.
Entraîneur fort convoité au terme de la saison 2017-2018, il accepte le poste d’adjoint à Claude Julien avec le Canadien de Montréal.
STRUCTURÉ ET MÉTHODIQUE
Sur le plan professionnel, peu de gens ont été des témoins plus privilégiés de l’ascension de l’homme de hockey de 47 ans que Steve Hartley.
Ce dernier a été l’adjoint de Ducharme dès la première heure avec les Mooseheads de Halifax jusqu’à la fin de la saison 2014, puis l’a retrouvé avec les Voltigeurs de Drummondville de 2016 à 2018, après quoi il lui a succédé derrière le banc de l’équipe.
Au-delà du hockey, les deux hommes ont développé une grande amitié et
Ducharme a même eu l’honneur d’être nommé parrain du premier enfant de la famille Hartley.
« J’ai eu des frissons quand j’ai appris la nouvelle, a mentionné Hartley hier. Le Canadien de Montréal fait partie des grandes organisations du sport comme les Yankees de New York ou les Red Sox de Boston. Dominique n’a pas brûlé d’étapes pour se rendre là et c’était la suite logique pour lui. »
Marc Bergevin, hier, a martelé l’importance d’une nouvelle voix dans le vestiaire du Canadien. Ça tombe bien puisque la plus grande force de Ducharme derrière le banc, selon Hartley, c’est la communication.
« C’est un gars structuré et tellement méthodique. Tout ce qu’il fait est calculé et quand il communique avec des joueurs, que ce soit individuellement ou collectivement, il le fait avec précision. Avec lui, c’est noir ou blanc : il n’y a pas de zone grise. Ses attentes sont claires et formulées dans un but précis. »
SORTIE CONTRE LA SUÈDE
Cette personnalité cartésienne est d’ailleurs ce qui pousse l’entraîneur-chef des Voltigeurs à croire que Ducharme a ce qu’il faut pour traverser avec brio la petite tempête qui frappe le Tricolore en ce moment, tout comme celles qui viendront.
« Il a le tempérament et la personnalité pour occuper ce rôle-là. Du jour au lendemain, il devient la personnalité la plus médiatisée au Québec. Il a déjà prouvé qu’il pouvait le faire, notamment avec Équipe Canada junior. C’est un gars calme et tout ce qu’il dit est pensé et réfléchi. »
À ce sujet, Hartley y est allé d’une anecdote intéressante pour illustrer à quel point Ducharme ne fait jamais rien pour rien. En 2017, alors qu’il dirigeait ÉCJ lors du Mondial junior présenté à Montréal et Toronto, l’entraîneur québécois y était allé d’une sortie contre les Suédois à quelques heures du match de demi-finale entre les deux pays.
« La Suède a une bonne équipe, mais ça doit faire 10 ans qu’elle montre une fiche parfaite en ronde préliminaire et qu’elle perd quand ça devient plus difficile. On verra bien comment ça va virer pour eux. »
Cette sortie n’avait rien d’improvisé, assure Hartley en riant.
« Il avait présenté son plan à Hockey Canada avant de faire sa sortie. Tout était pensé. C’est pour ça que je ne pense pas que le tourbillon de Montréal soit quelque chose qui va le déranger. »
Et ça avait fonctionné puisque le Canada l’avait emporté 5 à 2 avant de s’incliner en finale devant les ÉtatsUnis. Il s’était repris la saison suivante en menant ÉCJ à la conquête de l’or.