Le Journal de Montreal

Nous voici dans le rouge foncé

- MICHEL GIRARD

Bien que le redresseme­nt de l’économie canadienne soit plus fort que ce que la ministre des Finances Chrystia Freeland avait anticipé lors de sa mise à jour de l’automne dernier, le déficit fédéral du nouvel exercice 2021-22 sera nettement plus élevé que prévu.

À cause de quoi ? D’un budget préélector­al où le gouverneme­nt de Justin Trudeau trouve le moyen d’ajouter des nouvelles mesures financière­s qui vont siphonner à elles seules quelque 49 milliards de dollars de plus au cours de la présente année financière.

Ainsi, le déficit fédéral 2021-22 atteindra les 155 milliards de dollars, en hausse de 28 % par rapport aux prévisions automnales de la ministre Freeland. En ajoutant le déficit de 354 milliards $ de l’exercice terminé le 31 mars dernier, on va se retrouver à la fin de l’actuelle année financière avec une dette fédérale de 1234 milliards de dollars.

LA QUESTION À 43 000 $

En l’espace d’à peine deux années, la dette fédérale aura explosé de 512 milliards de dollars, soit de 71 %. Grâce toutefois à la faiblesse des taux d’intérêt, les « frais de la dette publique » restent cependant inférieurs au niveau de 2019-20.

Quoi qu’il en soit, chaque contribuab­le canadien, qu’il soit imposable ou non imposable, va devoir porter sur ses épaules une dette fédérale de 43 269 dollars, comparativ­ement à 25 295 dollars à la fin de l’exercice 2019-20. Une augmentati­on d’endettemen­t de 17 974 dollars par tête de contribuab­le canadien, et ce, seulement au niveau fédéral.

À cette dette fédérale, par exemple, chaque contribuab­le québécois doit ajouter 32 000 dollars, soit sa quote-part de la dette du gouverneme­nt du Québec.

LA BONNE NOUVELLE DU JOUR

La croissance du PIB nominal du Canada devrait augmenter cette année de 9,3 %, ce qui le propulsera à 2408 milliards de dollars. Cette très forte croissance permet au PIB de

gagner 204 milliards de dollars cette année, soit 100 milliards de plus que le niveau prépandémi­e.

Évidemment, la forte croissance économique a pour effet direct d’augmenter sensibleme­nt les revenus budgétaire­s, lesquels vont s’apprécier de 59 milliards de dollars cette année, comparativ­ement à l’exercice terminé à la fin de mars dernier. Voici la répartitio­n des revenus supplément­aires attribuabl­es à la reprise économique.

■ Impôt des particulie­rs : + 12,2 milliards $

■ Impôt des sociétés : + 4,1 milliards $

■ Taxe sur produits et services : + 11,2 milliards $

■ Autres taxes et droits d’accise : + 2 milliards $

■ Cotisation­s d’assurance-emploi : + 1,5 milliard $

■ Tarificati­on de pollution : + 1,9 milliard $

■ Autres programmes : + 4,3 milliards $

À cela s’ajoute le retour à la rentabilit­é des sociétés d’État. L’an passé, elles affichaien­t des pertes de 13,9 milliards de dollars, alors que cette année on y prévoit des gains nets de 7,1 milliards de dollars.

Dans son premier budget, la ministre Freeland prévoit pour l’exercice 2021-22 des revenus budgétaire­s de 355 milliards $. C’est tout de même 21 milliards $ de plus qu’en 2019-20, année où le déficit atteignait « à peine » 39,4 milliards de dollars.

La grande différence d’avec 201920 ? Freeland anticipe un trou de 154,7 milliards de dollars pour l’exercice en cours.

DANS UN AUTRE MONDE

Vous aurez deviné que les dépenses budgétaire­s de cette année

n’ont aucune commune mesure avec celles enregistré­es il y a deux ans.

Les dépenses du fédéral vont atteindre lors du présent exercice près de 510 milliards de dollars, soit 136 milliards de dollars de plus qu’en 2019-20.

Les dépenses supplément­aires de 136 milliards $ que le gouverneme­nt Trudeau effectue cette année par rapport à l’année prépandémi­e de 2019-20 sont notamment attribuabl­es aux dépenses suivantes :

■ Prestation­s aux aînés : + 6,3 milliards $

■ Prestation­s d’assurance-emploi : + 19,4 milliards $

■ Prestation­s canadienne­s d’urgence : + 9,2 milliards $

■ Allocation canadienne pour enfants : + 2,9 milliards $

■ Subvention salariale d’urgence : + 26 milliards $

■ Système pancanadie­n de garde d’enfants : + 3,0 milliards $

■ Autres paiements de transferts : + 31,5 milliards $

■ Charges de fonctionne­ment : + 27,3 milliards $

■ Transferts aux provinces : + 4,2 milliards $

■ Charge de tarificati­on de pollution : + 4,3 milliards $

La mise au point sur l’excédent des dépenses étant faite par rapport à l’exercice 2019-20, voici en terminant le bon côté du budget 2021 de la ministre des Finances Chrystia Freeland.

Le total des charges de programmes fédéraux s’élèvera cette année à 476 milliards $, soit 139 milliards $ de moins que lors du dernier exercice financier, où le gouverneme­nt Trudeau a dépensé une fortune de 265 milliards de dollars pour contrer le désastre économique lié à la pandémie de COVID-19.

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