Nous voici dans le rouge foncé
Bien que le redressement de l’économie canadienne soit plus fort que ce que la ministre des Finances Chrystia Freeland avait anticipé lors de sa mise à jour de l’automne dernier, le déficit fédéral du nouvel exercice 2021-22 sera nettement plus élevé que prévu.
À cause de quoi ? D’un budget préélectoral où le gouvernement de Justin Trudeau trouve le moyen d’ajouter des nouvelles mesures financières qui vont siphonner à elles seules quelque 49 milliards de dollars de plus au cours de la présente année financière.
Ainsi, le déficit fédéral 2021-22 atteindra les 155 milliards de dollars, en hausse de 28 % par rapport aux prévisions automnales de la ministre Freeland. En ajoutant le déficit de 354 milliards $ de l’exercice terminé le 31 mars dernier, on va se retrouver à la fin de l’actuelle année financière avec une dette fédérale de 1234 milliards de dollars.
LA QUESTION À 43 000 $
En l’espace d’à peine deux années, la dette fédérale aura explosé de 512 milliards de dollars, soit de 71 %. Grâce toutefois à la faiblesse des taux d’intérêt, les « frais de la dette publique » restent cependant inférieurs au niveau de 2019-20.
Quoi qu’il en soit, chaque contribuable canadien, qu’il soit imposable ou non imposable, va devoir porter sur ses épaules une dette fédérale de 43 269 dollars, comparativement à 25 295 dollars à la fin de l’exercice 2019-20. Une augmentation d’endettement de 17 974 dollars par tête de contribuable canadien, et ce, seulement au niveau fédéral.
À cette dette fédérale, par exemple, chaque contribuable québécois doit ajouter 32 000 dollars, soit sa quote-part de la dette du gouvernement du Québec.
LA BONNE NOUVELLE DU JOUR
La croissance du PIB nominal du Canada devrait augmenter cette année de 9,3 %, ce qui le propulsera à 2408 milliards de dollars. Cette très forte croissance permet au PIB de
gagner 204 milliards de dollars cette année, soit 100 milliards de plus que le niveau prépandémie.
Évidemment, la forte croissance économique a pour effet direct d’augmenter sensiblement les revenus budgétaires, lesquels vont s’apprécier de 59 milliards de dollars cette année, comparativement à l’exercice terminé à la fin de mars dernier. Voici la répartition des revenus supplémentaires attribuables à la reprise économique.
■ Impôt des particuliers : + 12,2 milliards $
■ Impôt des sociétés : + 4,1 milliards $
■ Taxe sur produits et services : + 11,2 milliards $
■ Autres taxes et droits d’accise : + 2 milliards $
■ Cotisations d’assurance-emploi : + 1,5 milliard $
■ Tarification de pollution : + 1,9 milliard $
■ Autres programmes : + 4,3 milliards $
À cela s’ajoute le retour à la rentabilité des sociétés d’État. L’an passé, elles affichaient des pertes de 13,9 milliards de dollars, alors que cette année on y prévoit des gains nets de 7,1 milliards de dollars.
Dans son premier budget, la ministre Freeland prévoit pour l’exercice 2021-22 des revenus budgétaires de 355 milliards $. C’est tout de même 21 milliards $ de plus qu’en 2019-20, année où le déficit atteignait « à peine » 39,4 milliards de dollars.
La grande différence d’avec 201920 ? Freeland anticipe un trou de 154,7 milliards de dollars pour l’exercice en cours.
DANS UN AUTRE MONDE
Vous aurez deviné que les dépenses budgétaires de cette année
n’ont aucune commune mesure avec celles enregistrées il y a deux ans.
Les dépenses du fédéral vont atteindre lors du présent exercice près de 510 milliards de dollars, soit 136 milliards de dollars de plus qu’en 2019-20.
Les dépenses supplémentaires de 136 milliards $ que le gouvernement Trudeau effectue cette année par rapport à l’année prépandémie de 2019-20 sont notamment attribuables aux dépenses suivantes :
■ Prestations aux aînés : + 6,3 milliards $
■ Prestations d’assurance-emploi : + 19,4 milliards $
■ Prestations canadiennes d’urgence : + 9,2 milliards $
■ Allocation canadienne pour enfants : + 2,9 milliards $
■ Subvention salariale d’urgence : + 26 milliards $
■ Système pancanadien de garde d’enfants : + 3,0 milliards $
■ Autres paiements de transferts : + 31,5 milliards $
■ Charges de fonctionnement : + 27,3 milliards $
■ Transferts aux provinces : + 4,2 milliards $
■ Charge de tarification de pollution : + 4,3 milliards $
La mise au point sur l’excédent des dépenses étant faite par rapport à l’exercice 2019-20, voici en terminant le bon côté du budget 2021 de la ministre des Finances Chrystia Freeland.
Le total des charges de programmes fédéraux s’élèvera cette année à 476 milliards $, soit 139 milliards $ de moins que lors du dernier exercice financier, où le gouvernement Trudeau a dépensé une fortune de 265 milliards de dollars pour contrer le désastre économique lié à la pandémie de COVID-19.