Les vertueux
On ne pourra pas taxer le gouvernement Trudeau d’incohérence.
Dépensier un jour, dépensier toujours. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, avait promis un plan de relance de 70 à 100 milliards $. Il sera finalement de 101 milliards $.
Mme Freeland n’a pu résister à l’idée d’en donner un peu plus que le client en demande. Car de nombreux économistes remettaient déjà en question la pertinence et le moment d’un tel investissement.
L’économie prend du mieux plus rapidement que prévu.
S’il y a une incohérence, elle est ailleurs : comment le gouvernement Trudeau peut-il à la fois se targuer d’avoir dépensé ce qu’il fallait durant la pandémie pour sauver l’économie ET justifier un plan de sortie de crise aussi coûteux ?
Seuls les États-Unis ont dépensé plus que nous pour garder la tête hors de l’eau, parmi tous les pays du G7. Cela se reflète dans le compte en banque des ménages canadiens, qui dorment sur des sommes non dépensées plus élevées qu’ailleurs.
ÉLECTIONS IMMINENTES
Il semble que la fin justifie les moyens ; des élections sont imminentes.
Si le gouvernement Trudeau perd ses élections après avoir fait pleuvoir plus de 100 milliards $ sur à peu près tout le monde, alors rien ne pourra le sauver.
Il y a bien sûr des mesures essentielles dans ce plan de relance, comme la prolongation jusqu’en septembre de plusieurs programmes d’urgence.
La mise en place d’un réseau de garderies à 10 $ avec un coût de départ de 30 G$ est un beau projet de société qui a fait ses preuves au Québec. Tout comme la relance verte.
Or, la brique budgétaire de plus de 840 pages propose un épais saupoudrage préélectoral. M. Trudeau n’a pas fait semblant de vouloir recouvrir ses traces. Un chèque de 500 $ aux aînés au mois d’août ?
Que dire des 100 millions pour l’industrie du vin canadien, des fonds pour l’apprentissage du camping ou encore du codage pour les enfants ? Est-ce vraiment le rôle du gouvernement fédéral ?
Personne n’est contre la vertu. Mais même le chef du NPD, Jagmeet Singh, s’est demandé comment les libéraux allaient payer pour tout cela, sans en demander plus aux riches.
En M. Singh, Justin Trudeau s’est donc trouvé un partenaire de danse à Ottawa pour faire passer son budget. Il doit maintenant convaincre les provinces d’accepter ses multiples empiétements dans leurs champs de compétences. Un défi qui s’annonce autrement plus complexe.