Le Journal de Montreal

Des temps difficiles pour les couples

Les consultati­ons en droit de la famille ne cessent d’augmenter depuis le début de la pandémie

- CLARA LOISEAU

Une hausse marquée des consultati­ons en droit de la famille depuis le retour des Fêtes laisse présager que la vague des séparation­s n’est pas près de s’arrêter, analysent des experts.

« On a beaucoup de parents qui viennent nous consulter pour avoir une consultati­on en droit familial, mais qui ne sont pas prêts à engager une procédure, parce qu’ils veulent préserver une vie “normale” pour leur enfant, et qui attendent que la pandémie se calme pour introduire une demande [de séparation] », affirme Me Veronica Vallelonga, avocate en droit familial à Montréal.

Du côté de Québec, une autre juriste spécialist­e en affaire familiale, Me Annie Drapeau, constate la même chose. Depuis le mois de janvier, elle estime que les clients qui font des demandes d’informatio­ns concernant le droit familial ont doublé dans son cabinet.

« Les gens veulent être informés, ils veulent connaître leurs droits en préparatio­n d’une séparation ou parce qu’ils sont en train de le faire, donc ils veulent des renseignem­ents », explique-t-elle.

ANNÉE DIFFICILE

Six mois après le début de la pandémie, en août 2020, de nombreux avocats avaient estimé que les demandes de séparation avaient doublé dans leur cabinet.

Un an après que la crise a frappé le Québec, le constat reste le même pour plusieurs juristes spécialisé­s en droit familial.

Selon une compilatio­n de données du ministère de la Justice obtenu par Le Journal, le nombre de dossiers de séparation et de divorces a augmenté de 4,6 %, si l’on compare les mois de juin à décembre de 2019 et de 2020.

Pour Me Veronica Valelonga, il faut également prendre en compte que ces statistiqu­es ne montrent pas le nombre de demandes d’informatio­n pour les séparation­s, les modificati­ons de garde ou de pension.

LOURDES RÉPERCUSSI­ONS

Pour cette dernière, comme pour Me Drapeau, il ne faut donc pas s’attendre à ce que le nombre de séparation­s diminue de sitôt au Québec.

D’autant plus que la deuxième vague et les mesures sanitaires plus strictes ont poussé d’autres couples vers la séparation.

« Ces derniers mois sont encore plus difficiles qu’au début de la pandémie. Entre le télétravai­l, l’école à la maison et le couvre-feu, les couples se retrouvent vraiment 24 h/24 ensemble et ne peuvent pas vraiment avoir leur temps dans leur bulle, donc ça éclate », résume-t-elle.

Me Drapeau n’hésite pas à rajouter que la crise économique va aussi avoir de lourdes répercussi­ons sur les familles.

« Là, il y a encore des gens qui reçoivent de l’aide, on a encore des accommodem­ents, mais la journée qu’il va falloir rembourser ses dettes, il va y avoir des problèmes d’argent et ça, ça crée des chicanes dans un couple », lance-t-elle.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Me Veronica Vallelonga, avocate en droit familial à Montréal, constate que de plus en plus de citoyens se renseignen­t sur leurs droits en vue d’une séparation ou d’un divorce.

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