Le Journal de Montreal

La boxe doit tirer des leçons

- MATHIEU BOULAY mathieu.boulay @quebecorme­dia.com

Le combat de boxe entre l’ancien combattant en arts martiaux mixtes Ben Askren et l’influenceu­r Jake Paul a retenu l’attention en fin de semaine. Pour les bonnes et les mauvaises raisons.

J’ai regardé quelques séquences de cette démonstrat­ion qui était présentée par le groupe de promotion Triller. Et ce fut suffisant. Un « spectacle » qui a obtenu une immense visibilité au cours des dernières semaines.

Si ça prend un duel Paul-Askren pour attirer des amateurs devant leur écran, la boxe a un sérieux problème sur les bras. Ce type de combat est maintenant plus suivi que la majorité des combats de championna­t du monde. Ce n’est pas normal.

Est-ce que les amateurs veulent encore de la boxe de qualité ou des galas axés sur le divertisse­ment comme samedi soir ? La question mérite d’être posée.

Pendant la pandémie, quelques duels majeurs ont été présentés. Celui entre Vasyl Lomachenko et Teofimo Lopez est le premier qui me vient en tête. Toutes les ceintures de la catégorie des 135 lb étaient à l’enjeu. Malgré l’importance du choc, il n’avait pas eu le dixième de la visibilité de celui entre Paul et Askren.

La promotion avait été terne au possible. Lomachenko n’est pas le type de boxeur à mousser ses combats avec sa bouche. Il laisse plutôt parler son talent à l’intérieur des câbles. L’intérêt du public en avait souffert même si le combat avait livré la marchandis­e.

Est-ce que les amateurs veulent encore de la boxe de qualité ou des galas axés sur le divertisse­ment ?

DUELS AU SOMMET

L’industrie de la boxe a reçu son lot de critiques dans les dernières années. On affirme notamment qu’il y a trop de champions dans les catégories et que les gros combats sont difficiles à mettre sur pied. Puis, lorsqu’ils surviennen­t, les deux pugilistes ne sont plus au sommet de leur art.

Les exemples sont nombreux. On se souvient encore du choc décevant entre Floyd Mayweather Jr et Manny Pacquiao en 2015. C’est arrivé cinq ans trop tard.

Les amateurs sont attirés par les mauvais garçons et les boxeurs charismati­ques. Tyson Fury, Anthony Joshua, Teofimo Lopez, Gervonta Davis, Errol Spence Jr et Canelo Alvarez font partie de l’une ou l’autre de ces deux catégories. Ils n’ont cependant pas la notoriété de Jake Paul auprès du grand public.

Pour vous donner une idée, Paul a plus d’abonnés Instagram (15 millions) que tous ces boxeurs et de loin. Joshua (12,1 millions) est celui qui s’en approche le plus.

De plus, ce qui ne nuit pas, c’est que Paul aime la controvers­e. Il est capable de vendre ses combats comme tous les autres produits dont il fait la promotion. Peu de boxeurs actuels sont capables d’attirer les amateurs occasionne­ls comme il le fait. C’est le triste constat qu’il faut faire.

DE L’INTRIGUE

Est-ce que l’industrie de la boxe doit repenser à sa mise en marché ? Ça ne fait plus aucun doute.

L’époque où les promoteurs faisaient des millions en mettant seulement deux boxeurs talentueux dans le ring est révolue. Ils doivent trouver une façon de susciter la curiosité des amateurs quant au résultat d’un affronteme­nt. Ce n’est pas une mission impossible.

Les pugilistes empochent des bourses respectabl­es grâce aux réseaux de télévision. Toutefois, ils pourraient en encaisser davantage si leur image de marque était établie.

Jake Paul en est le plus bel exemple. La nouvelle génération de boxeurs et leurs promoteurs doivent en tirer des leçons.

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