Le Journal de Montreal

Le CF Montréal : un départ d’impact !

- JEAN-CHARLES LAJOIE jean-charles.lajoie@ tva.ca

Elle était trop facile. Pas moins véridique. Je n’ai pas vu beaucoup d’amateurs et d’observateu­rs prédire une victoire du CF Montréal face au Toronto FC en lever de rideau du championna­t MLS. Et pourtant…

Cette équipe inconnue, fabriquée une pièce rapiécée à la fois par le directeur sportif Olivier Renard est sortie des blocs et a donné le ton à une saison qui pourrait finalement être excitante. À ce moment-ci, je me lance un appel au calme. N’empêche, certaines affaires ne mentent pas. L’esprit de corps se ressentait de Miami à Montréal samedi après-midi. Comme si une nouvelle hiérarchie s’installait lentement mais sûrement.

Wilfried Nancy, entraîneur improbable et en contrôle. Originaire de Toulon, en France, il a porté les couleurs des Citadins de l’UQAM et il n’est jamais vraiment reparti. Un pur produit de l’organisati­on qui parvient à un accompliss­ement peu commun. Le genre de promotion qu’il n’aurait sans doute pas obtenu sans le départ hâtif de la légende Thierry Henry parti prendre soin des siens, intention louable et pardonnée.

La victoire du onze montréalai­s fait du bien. Elle est un baume sur toutes les plaies accumulées. Faut dire qu’une majorité de partisans ne comprennen­t toujours pas les réels motifs derrière le rebranding de l’organisati­on. Pas certain que le propriétai­re les comprend lui non plus. Mais on criera au génie si le club gagne des matchs en offrant un spectacle comme celui de samedi. C’est connu, les dieux du marketing comptent des buts et gagnent des matchs…

L’équipe première du soccer québécois entretient une relation amour-haine avec son public. Ça ne date pas de l’annonce majeure d’il y a quelques mois. Les fans de « foot » aiment se faire entendre. Comme ceux du Canadien, mais avec une nuance importante. Les amateurs du CH commentent tout et son contraire. Ils brûlent leur chandail après une défaite et astiquent leurs chaises de parterre au lendemain d’une victoire. Les partisans du CF Montréal sont vindicatif­s, mais semblent davantage renseignés. C’est sans doute une illusion provoquée par une plus grande proximité entre les joueurs et les fans.

La victoire du onze montréalai­s fait du bien. Elle est un baume sur toutes les plaies accumulées.

UN PEU DE NOUS

C’est ce qui rend le soccer romantique à Montréal. Cette douce impression d’un accès illimité. Cette sensation de pouvoir toucher les joueurs. De s’identifier à eux. Capitaine Samuel Piette, c’est nous. Ballou Tabla, c’est nous aussi. Treize des 35 membres de l’effectif sont natifs du Québec. Difficile de ne pas développer une identité forte et propre en pareilles circonstan­ces.

À condition bien entendu de gagner. Et de ne pas bafouer des règles élémentair­es en matière de gestion des supporters. Réunies en groupes, possédant leurs propres chartes, ces associatio­ns de partisans sont en quelque sorte des syndicats avec lesquels les dirigeants de club doivent composer. Ils détestent se faire imposer la marche à suivre. Ils ne demandent qu’à être consultés. Sentant qu’ils ont un « impact » sur les décisions stratégiqu­es importante­s, ils sont ceux par qui le chemin du magnifique stade Saputo sera emprunté en grand nombre.

À condition de gagner. Ce qui fut fort bien fait samedi.

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