Le Journal de Montreal

La citoyennet­é vidée de son sens

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le mouvement multicultu­raliste et sa vague woke sont une tornade. Il ne passe pas une journée sans qu’une nouvelle propositio­n ne vienne nous surprendre.

La dernière trouvaille émane d’élus montréalai­s : donner le droit de vote à des gens qui n’ont pas la citoyennet­é. Et tant qu’à y être, on suggère aussi que des non-citoyens puissent se porter candidats aux élections municipale­s.

Pourtant, le droit de vote est un privilège qui doit être géré avec les règles les plus strictes. Ce n’est pas un hasard si la notion de citoyennet­é apparaît à l’article 1 de la Loi électorale québécoise. Il s’agit d’une base, d’un fondement, pas d’un caprice ou d’une mode.

Lors de la cérémonie d’obtention de citoyennet­é, on établit solennelle­ment les droits ET les obligation­s qui viennent avec.

Officielle­ment, cette mesure est proposée dans le but de tenir des élections qui reflètent mieux la diversité. Faux débat : lorsque vous tenez une élection à Montréal, il y a déjà une énorme diversité parmi les électeurs.

Cette étonnante propositio­n est motivée par autre chose. Elle fait partie d’un effort plus large pour détruire au marteau-piqueur des notions comme la citoyennet­é. On proposera de régularise­r les dossiers de tous les migrants illégaleme­nt entrés au pays. On recommande­ra de passer outre aux critères fixés dans les lois sur l’immigratio­n. On suggérera une gestion laxiste des frontières. Un agenda idéologiqu­e.

L’ENGAGEMENT

L’obligation de citoyennet­é vient davantage d’un droit acquis sur le territoire et, surtout, d’un engagement personnel en bonne et due forme d’y demeurer. Si un étudiant vient faire son baccalauré­at dans une université montréalai­se, nous sommes bien heureux de l’accueillir. Mais cela ne signifie pas qu’on lui accorde le droit de se prononcer dans une élection ou un référendum sur les destinées de la ville.

Et si l’on ne peut pas attaquer de front l’idée de la citoyennet­é parce qu’elle est encore chère à une bonne partie de la population, alors on fait quoi ? On la vide de son sens. C’est exactement ce qu’on fait en dissociant citoyennet­é et droit de vote.

SYMBOLE IMPORTANT

Le geste électoral a peut-être été banalisé ces dernières années, mais il demeure un geste puissant pour quiconque croit en la démocratie. En votant, on peut transforme­r la société, transforme­r la culture, l’environnem­ent, la langue, les budgets et les règles de fonctionne­ment de la société.

L’idée de donner le droit de vote à des non-citoyens reflète un faible respect pour sa propre histoire. Pour comprendre l’importance des choses qui existent et pour participer à la décision de les changer, il me semble bon de connaître un minimum de son passé. D’autres sont passés avant nous et ont sacrifié beaucoup pour bâtir quelque chose.

Si je suis de passage dans un pays, je voterai strictemen­t en fonction de mon intérêt immédiat. Trahir le passé du pays, cela ne me concerne pas. Laisser des dettes pour l’avenir, cela ne me concernera pas.

Le vote demeure un symbole fort, un geste puissant.

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