La citoyenneté vidée de son sens
Le mouvement multiculturaliste et sa vague woke sont une tornade. Il ne passe pas une journée sans qu’une nouvelle proposition ne vienne nous surprendre.
La dernière trouvaille émane d’élus montréalais : donner le droit de vote à des gens qui n’ont pas la citoyenneté. Et tant qu’à y être, on suggère aussi que des non-citoyens puissent se porter candidats aux élections municipales.
Pourtant, le droit de vote est un privilège qui doit être géré avec les règles les plus strictes. Ce n’est pas un hasard si la notion de citoyenneté apparaît à l’article 1 de la Loi électorale québécoise. Il s’agit d’une base, d’un fondement, pas d’un caprice ou d’une mode.
Lors de la cérémonie d’obtention de citoyenneté, on établit solennellement les droits ET les obligations qui viennent avec.
Officiellement, cette mesure est proposée dans le but de tenir des élections qui reflètent mieux la diversité. Faux débat : lorsque vous tenez une élection à Montréal, il y a déjà une énorme diversité parmi les électeurs.
Cette étonnante proposition est motivée par autre chose. Elle fait partie d’un effort plus large pour détruire au marteau-piqueur des notions comme la citoyenneté. On proposera de régulariser les dossiers de tous les migrants illégalement entrés au pays. On recommandera de passer outre aux critères fixés dans les lois sur l’immigration. On suggérera une gestion laxiste des frontières. Un agenda idéologique.
L’ENGAGEMENT
L’obligation de citoyenneté vient davantage d’un droit acquis sur le territoire et, surtout, d’un engagement personnel en bonne et due forme d’y demeurer. Si un étudiant vient faire son baccalauréat dans une université montréalaise, nous sommes bien heureux de l’accueillir. Mais cela ne signifie pas qu’on lui accorde le droit de se prononcer dans une élection ou un référendum sur les destinées de la ville.
Et si l’on ne peut pas attaquer de front l’idée de la citoyenneté parce qu’elle est encore chère à une bonne partie de la population, alors on fait quoi ? On la vide de son sens. C’est exactement ce qu’on fait en dissociant citoyenneté et droit de vote.
SYMBOLE IMPORTANT
Le geste électoral a peut-être été banalisé ces dernières années, mais il demeure un geste puissant pour quiconque croit en la démocratie. En votant, on peut transformer la société, transformer la culture, l’environnement, la langue, les budgets et les règles de fonctionnement de la société.
L’idée de donner le droit de vote à des non-citoyens reflète un faible respect pour sa propre histoire. Pour comprendre l’importance des choses qui existent et pour participer à la décision de les changer, il me semble bon de connaître un minimum de son passé. D’autres sont passés avant nous et ont sacrifié beaucoup pour bâtir quelque chose.
Si je suis de passage dans un pays, je voterai strictement en fonction de mon intérêt immédiat. Trahir le passé du pays, cela ne me concerne pas. Laisser des dettes pour l’avenir, cela ne me concernera pas.
Le vote demeure un symbole fort, un geste puissant.