Le Journal de Montreal

Des « peanuts » d’Ottawa pour les aînés québécois

- daniel.germain @quebecorme­dia.com Daniel Germain

Alors voilà, les Canadiens de 75 ans et plus recevront un chèque de 500 $ en juillet, à quelques mois de probables élections, puis ils verront leur pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) augmenter de 10 % (766 $ par année) à compter de juillet 2022.

Comme le reste de la PSV, cette bonificati­on sera ensuite indexée à l’inflation.

Une grosse affaire ? Tout est relatif. En comparaiso­n de tout l’argent qui sort actuelleme­nt, c’est des peanuts.

Il y a deux ans, ajouter une dépense récurrente de 3 G$ à un déficit de 20 G$ tout aussi récurrent pouvait passer pour irresponsa­ble. Mais dans un budget déficitair­e de 155 G$, après un déficit record (et moins lourd que prévu) de 354 G$, tout ça ressemble soudaineme­nt à une bagatelle. Alors pourquoi pas davantage ? On a perdu nos repères…

UN PETIT RATTRAPAGE

Quand on y pense, ce n’est pas non plus la mer à boire. Je parle pour les retraités. Les gens concernés toucheront après tout 63 $ de plus par mois, imposables.

Comme le martèle le Bloc québécois, c’est vrai que l’indexation de la PSV pose problème. La prestation est ajustée chaque année en fonction de l’indice des prix à la consommati­on, et non sur les salaires qui augmentent plus vite. Conséquenc­e : la PSV occupe une place toujours plus petite dans les revenus de remplaceme­nt des nouveaux retraités.

Je ne crois pas qu’il faille indexer la PSV sur les salaires, mais procéder à un rattrapage à l’occasion semble parfaiteme­nt justifiabl­e.

INSPIRÉ DU RAPPORT D’AMOURS

Mais pourquoi cette améliorati­on est-elle réservée aux gens de 75 ans et plus ? Il y a évidemment une question de coût, mais pas uniquement. Le gouverneme­nt fédéral semble s’appuyer sur des thèses empruntées au rapport D’Amours. Pour rappel, ce document est le fruit d’un comité québécois d’experts qui s’est penché sur notre système de retraite, au début des années 2010. Dirigé par l’ancien patron de Desjardins, Alban D’Amours, le comité préconisai­t la mise en place d’une « rente de longévité » à partir de 75 ans. Cette prestation devait pallier l’épuisement de l’épargne et l’incapacité, à partir d’un certain âge, de tirer des revenus d’un travail à temps partiel.

En mettant la barre à 75 ans pour avoir droit à la bonificati­on, c’est comme si le gouverneme­nt de Justin Trudeau invitait les retraités à puiser plus rapidement dans leur bas de laine de 65 ans à 75 ans.

Quant à ceux qui n’ont pas d’épargne, ils devront prendre leur mal en patience. Il leur faudra attendre 10 ans avant de voir leur sort s’améliorer.

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