Comment parler de la mort de son enfant ?
Quand un enfant perd un parent, il est orphelin. Quand un parent perd son enfant, il n’y a pas de mot.
Dans sa très jolie chanson Pas de mot, Lynda Lemay chante d’ailleurs : « Il n’y a pas de nom pour décrire le père / Celui qui borde son garçon au cimetière / Jamais un seul poète, un seul pasteur / Jamais un seul auteur / N’a eu assez de lettres pour tant de douleur ».
C’est pour cette raison que j’ai été bouleversée en lisant le livre de Marie-Pier Savaria : Justin n’avait que 8 ans : revivre après le deuil de son enfant.
Parce que cette maman dévastée par la mort de son fils a réussi à trouver les mots pour dire sa douleur, pour décrire son deuil et pour trouver de la lumière à travers un événement aussi sombre.
LES MOTS POUR LE DIRE
Pour être très honnête, habituellement, je ne suis pas amateur de ces livres-témoignages autour de drames personnels. Je me sens voyeuse, impudique. J’ai l’impression de rentrer dans l’intimité des autres où je n’ai pas ma place.
En plus, comme je suis moimême mère d’un garçon de treize ans, je ne pensais pas avoir la force de lire ce récit du pire cauchemar que peuvent vivre des parents.
C’est donc à reculons que j’ai commencé à lire l’histoire de Justin, mort en jouant à retenir sa respiration dans la piscine de son ami, lors d’une fête d’anniversaire.
J’ai pleuré souvent en lisant ce livre touchant. Mais j’ai surtout été émue par la transparence de cette mère qui n’a pas eu peur de parler ouvertement de ses moments de culpabilité, de ses périodes de détresse, de la fois où elle a « craqué », de ses hauts et de ses bas.
J’ai été soufflée par sa résilience, impressionnée par la force de son couple, épatée par la communication et la symbiose entre elle et son mari, Benoit, troublée par la force de son amitié avec les parents du petit garçon chez qui le drame s’est déroulé.
Hier à QUB radio, j’ai parlé longuement avec Mari-Pier. Même si elle me parlait d’un drame horrible, il y avait du soleil dans sa voix. Elle parlait avec passion de la cause du don d’organes, des quatre vies qui ont été sauvées grâce au don du coeur, des reins et du foie de Justin. Et j’ai pensé à cette scène incroyable dans Jésus de Montréal de Denys Arcand. Vous vous souvenez quand le personnage de Lothaire Bluteau, mort dans un accident, ressuscitait en quelque sorte quand son coeur était transplanté à un malade cardiaque, et ses yeux étaient greffés à une aveugle ?
Marie-Pier Savaria a écrit, en collaboration avec Daniel Daignault, un livre qui fait du bien à l’âme, parce qu’il est profondément humain. Après l’avoir lu, vous n’aurez qu’une envie : serrer très fort dans vos bras vos enfants ou vos proches en chantant, comme Ferland,
Une chance qu’on s’a.
À la prochaine fête des Mères, le 9 mai, c’est sûr que je vais avoir une pensée pour Marie-Pier. Et le 18 juin, fête des Pères, je vais doublement penser à Benoit, le papa de Justin. C’est cette journée-là, il y a quatre ans, que Justin est mort…
Je ne pensais pas avoir la force de lire ce récit du pire cauchemar que peuvent vivre des parents