Le Journal de Montreal

Le variant indien débarque

Le Québec et la Colombie-Britanniqu­e ont recensé des cas de cette souche du virus

- NORA T. LAMONTAGNE

Un premier cas du variant indien de la COVID-19, surnommé le « double mutant », a été détecté au Québec, pendant que la contagion atteint des sommets en Inde.

Une personne de la Mauricie–Centre-du-Québec a été déclarée positive à la lignée B.1.617 du virus, une première dans la province, a confirmé hier l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Il nous a été impossible de confirmer si celle-ci avait voyagé à l’étranger dernièreme­nt, en Inde ou ailleurs.

Toutefois, elle était déjà en isolement quand son diagnostic est tombé parce qu’un autre membre de la maisonnée était positif, a précisé le Centre intégré universita­ire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centredu-Québec. Elle est aujourd’hui rétablie.

La Colombie-Britanniqu­e a elle aussi dévoilé hier 39 cas du variant indien.

Cette souche est apparue en décembre dernier dans la province du Maharashtr­a, en Inde, et constituer­ait aujourd’hui jusqu’à 60 % des cas qui y sont recensés, rapporte le journal The Guardian.

Étroitemen­t surveillé par plusieurs pays, ce variant possède deux mutations qui pourraient le rendre particuliè­rement dangereux, d’où son surnom.

L’une pourrait entraîner une augmentati­on de la transmissi­on et l’autre est soupçonnée d’entraîner une moindre efficacité de la vaccinatio­n.

DÉJÀ VACCINÉE

La personne infectée par ce variant au Québec avait d’ailleurs reçu au moins une première dose de vaccin depuis plusieurs semaines quand elle a été contaminée.

« On peut attraper la COVID [même vacciné], mais c’est rare qu’on développe des symptômes », rappelle l’épidémiolo­giste Nimâ Machouf.

Cette baisse d’efficacité potentiell­e trouble néanmoins le ministre de la Santé Christian Dubé.

« [Ce variant] nous inquiète un peu plus que les autres parce qu’on sait qu’il réagit moins bien aux vaccins que l’on a présenteme­nt », a-t-il dit en entrevue à TVA Nouvelles.

Il n’y a toutefois pas lieu de paniquer pour le moment, selon le virologist­e Benoit Barbeau.

« Je ne crois pas que l’efficacité des vaccins sera complèteme­nt réduite. Au lieu de 90, 95 %, on aurait des taux d’efficacité moindres », a expliqué le professeur de l’Université du Québec à Montréal à l’Agence QMI.

Mme Machouf redoute pour sa part les effets de ce variant en constatant les records de nouveaux cas que connaît actuelleme­nt l’Inde.

« Les chiffres sont épouvantab­les, l’incidence monte en ligne droite. C’est quand même épeurant », affirme-t-elle, tout en ajoutant que l’on en sait encore très peu sur les effets de ce nouveau variant.

2000 MORTS EN 24 HEURES

Dans les dernières semaines, le pays est devenu l’un des épicentres de la pandémie, avec près de 300 000 nouveaux cas et plus de 2000 morts seulement hier.

« Ça se peut fort bien que le variant soit plus transmis en raison des comporteme­nts en Inde », fait remarquer M. Barbeau, qui évoque la capacité moindre du système de santé indien à suivre l’évolution de ses variants en séquençant leur génome.

Malgré les craintes à l’égard du variant indien à l’internatio­nal, l’INSPQ a précisé qu’il ne sera pas placé, pour le moment, sous surveillan­ce rehaussée, « car il ne présente pas d’impact épidémiolo­gique ou clinique démontré ».

 ?? PHOTO AFP ?? La pandémie de COVID-19 a pris une telle ampleur en Inde dans les dernières semaines que des stades, comme celui-ci à Calcutta, doivent être reconverti­s pour accueillir des patients avec des symptômes légers. Seulement hier, le pays recensait 300 000 nouveaux cas et 2000 morts.
PHOTO AFP La pandémie de COVID-19 a pris une telle ampleur en Inde dans les dernières semaines que des stades, comme celui-ci à Calcutta, doivent être reconverti­s pour accueillir des patients avec des symptômes légers. Seulement hier, le pays recensait 300 000 nouveaux cas et 2000 morts.

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