36 M$ à une entreprise liée au cofondateur de la CAQ
Le gouvernement Legault plaidait l’urgence en raison de la pandémie
Le ministre délégué à la Santé Lionel Carmant a discrètement informé la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale, l’an dernier, après que le gouvernement Legault eut donné sans concurrence un généreux contrat à une entreprise liée au cofondateur de la Coalition avenir Québec.
Notre Bureau d’enquête a découvert que le gouvernement avait octroyé l’été dernier un mandat qui pourrait rapporter jusqu’à 36 millions $ à PetalMD, en justifiant l’urgence liée à la pandémie.
Le contrat d’une durée exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 12 ans donne à l’entreprise le monopole technologique, un Hub, pour faciliter la prise de rendez-vous en ligne avec les médecins.
L’homme d’affaires Charles Sirois, ami de François Legault, est l’un des investisseurs de départ de PetalMD. Il possédait toujours près de 5 % des actions lors de l’annonce du contrat en août 2020.
Pour justifier l’entente, le ministre Carmant a invoqué dans un communiqué l’arrivée de la deuxième vague en septembre dernier.
Pourtant, ni dans la décision du Conseil des ministres autorisant le contrat ni dans les justifications pour le donner de gré à gré il n’est question de pandémie.
Questionné par notre Bureau d’enquête, le ministère de la Santé a confirmé qu’il n’y avait pas de lien avec la pandémie lors de l’approbation par le Conseil des ministres.
« Le décret n’a pas été autorisé dans le cadre de l’urgence sani- taire », nous a-t-on répondu.
PEU POPULAIRE
Pire encore, alors qu’on se trouve au coeur de la troisième vague, à peine 38 cliniques sur 1300 sont actives et ont partagé des plages horaires sur la plateforme. Plusieurs bogues ont été observés avec le système, selon des documents obtenus par notre Bureau d’enquête.
Le ministère de la Santé soutient pour sa part que 80 cliniques sont maintenant connectées au Hub, sans toutefois être accessibles pour les patients.
Lionel Carmant, qui a conclu ce marché, dit avoir appris les liens entre Charles Sirois et PetalMD le jour même de l’annonce du contrat.
Sans attendre, il a demandé un avis de la commissaire à l’éthique et à la déontologie (voir texte ci-contre).
SANS APPEL D’OFFRES
Le gouvernement a dû contourner les règles d’appel d’offres habituelles pour donner ce contrat de gré à gré. Aucune autre entreprise n’a pu soumettre de proposition.
Le contrat est d’une durée initiale de 5 ans pour 18 millions $. Il contient des clauses permettant de le prolonger sur 12 ans au coût total de 36 millions $.
Le président de PetalMD, Patrice Gilbert, a refusé d’accorder une entrevue, tout comme Charles Sirois.
Joint au téléphone, le président du conseil d’administration, Louis Têtu, a défendu l’entente.
« C’est une technologie formidable et qui fait sauver énormément d’argent au gouvernement, a-t-il plaidé. Sous l’ère Barrette, le Québec achetait des technologies étrangères à coup de centaines de millions et ça ne marchait pas. »