Le Journal de Montreal

Un asile psychiatri­que douillet reste un asile

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Le jugement Blanchard sur la loi 21 me ramène à l’esprit un vieux film.

Quand j’étais adolescent, j’avais découvert avec ravissemen­t une délicieuse comédie intitulée Le Roi de coeur (1966).

Des aliénés s’échappent de leur institutio­n et prennent le contrôle d’une ville désertée par les sains d’esprit.

Belle métaphore du régime politico-juridique canadien…

ABERRANT

Quand la loi 21 fut adoptée, la controvers­e sur les signes religieux tournait essentiell­ement autour des enseignant­es portant le hijab.

Ceux parmi nous en faveur de cette interdicti­on – accompagné­e d’un droit acquis – estimaient que la liberté religieuse n’est pas absolue et qu’elle n’est pas plus importante que la liberté de conscience d’un enfant.

À un âge où l’on est influençab­le, l’enfant ne doit pas être soumis au prosélytis­me religieux à l’école, actif ou passif, et les parents ont le droit de le vouloir ainsi.

Le juge Blanchard vient de valider – en se pinçant le nez et parce qu’il n’a pas le choix – cette interdicti­on pour les enfants des commission­s scolaires francophon­es, mais pas pour ceux des commission­s scolaires anglophone­s.

Quoi, la liberté de conscience d’un enfant et les volontés de ses parents sont différente­s selon la langue parlée ? Aberrant.

Quoi, les parents anglophone­s qui veulent aussi protéger la liberté de conscience de leurs enfants n’existent pas ? Aberrant encore.

Bref, il y a désormais deux classes d’enfants et de parents au Québec. Une véritable ségrégatio­n religio-linguistiq­ue.

Ce deux poids deux mesures trouve sa source dans l’article 23 de la Charte canadienne, qui donne à la minorité anglophone du Québec le droit de gérer ses écoles et aux minorités francophon­es du Canada anglais la même chose… en théorie.

La clause dérogatoir­e ne peut s’appliquer à cet article 23.

Dans cet asile d’aliénés à ciel ouvert qu’est le Canada juridico-politique, la constituti­on établit une équivalenc­e symétrique, sur le plan éducatif, entre les anglophone­s du Québec et les francophon­es de l’Alberta !

Ah oui ?

À elle seule, McGill reçoit 33 % du financemen­t fédéral envoyé aux université­s du Québec.

Concordia a déclassé l’UQAM en termes d’effectifs.

Le plus gros cégep du Québec, Dawson, est anglophone, les francophon­es s’y ruent, et on va encore l’agrandir !

Quatre-vingt-dix pour cent des allophones du Québec iront au cégep et à l’université en anglais.

Les francophon­es du reste du Canada n’ont pas le millionièm­e de cela et se font assimiler à vitesse grand V.

Et les Québécois qui s’insurgent contre cela et défendent la loi 21 se font traiter de racistes !

Et ce régime se fonde sur une constituti­on imposée au Québec sans son consenteme­nt et jamais ratifiée par lui !

Dominique Anglade et le PLQ sont maintenant dans l’eau chaude. Sérieuseme­nt.

ENDURER ?

Dominique Anglade et le PLQ sont maintenant dans l’eau chaude. Sérieuseme­nt.

En prônant le non-renouvelle­ment de la clause dérogatoir­e s’il était au pouvoir, le PLQ livrerait la loi 21 à la déchiquete­use des tribunaux fédéraux.

Beaucoup de Québécois endurent ces folies humiliante­s parce que le Canada est relativeme­nt prospère et confortabl­e. Quelle tristesse !

Un asile psychiatri­que confortabl­e reste un asile psychiatri­que.

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