Y a-t-il un réveil nationaliste au Québec ?
Cela faisait un moment que les Québécois ne s’étaient pas souciés de leur avenir linguistique.
Pourtant, les lanceurs d’alerte ne manquaient pas : ils pointaient tous une tendance évidente, soit l’anglicisation accélérée de Montréal et de Laval. Ils montraient de quelle manière les transferts linguistiques se faisaient systématiquement à l’avantage de l’anglais.
Les plus courageux rappelaient que cette dynamique était indissociable de seuils d’immigration incompatibles avec nos capacités d’intégration.
Mais une grande part de nos élites était dans le déni et se réfugiait dans un mirage statistique pour se faire croire que tout allait bien. Son objectif : détourner les Québécois de la question du français, et les amener, au même moment, au nom de la diversité et de la mondialisation, à dédramatiser le recul de notre identité dans la grande région de Montréal.
FRANÇAIS
Mais il y a des limites à faire semblant que ce qui arrive n’arrive pas. Les Québécois sont de plus en plus nombreux à prendre conscience que l’anglicisation est en marche.
Comment expliquer ce réveil ? Probablement par un contexte identitaire plus large que l’on résumera d’une formule simple : les Québécois francophones commencent à comprendre qu’ils risquent de devenir minoritaires chez eux d’ici quelques décennies et qu’ils deviendront progressivement impuissants politiquement dans leur pays.
Ils en voient les premiers signes : ils sont sommés de réécrire leur histoire en l’américanisant, comme on le voit avec le sort réservé à la Nouvelle-France, qu’il faudrait désormais voir comme une entreprise raciste et esclavagiste.
Ils se font répéter qu’ils habitent un territoire non cédé, comme s’ils étaient de trop dans leur pays.
Ils ne peuvent plus prononcer le titre de certains livres sans se faire traiter de racistes, comme on l’a vu avec la querelle entourant Nègres blancs d’Amérique. À Montréal, les Québécois francophones se sentent de plus en plus dans une métropole étrangère.
Et maintenant, nous constatons que les tribunaux peuvent désormais contester à l’Assemblée nationale le droit de faire des lois pour tous les Québécois et imposer une forme de partition culturelle, ethnique et religieuse de notre société en instrumentalisant dans une perspective multiculturaliste les droits de la minorité historique anglaise.
RÉVEIL
Le nationalisme se réanime donc autour du noyau vital de notre identité collective : la langue française. Et comme le disait récemment dans Le Devoir l’excellent intellectuel indépendantiste Nic Payne, quand nous parlons de notre langue, c’est tout simplement que nous parlons de notre peuple. Et quand on nous dit que notre langue n’est pas assez attirante, c’est qu’on nous explique que comme peuple, en notre propre pays, nous sommes un peu encombrants, et même de trop.
Oui. On nous explique de mille manières que nous sommes de trop chez nous. Alors avant qu’il ne soit trop tard, nous cherchons à reprendre le contrôle de notre destin. Oui, avant qu’il ne soit trop tard. En espérant qu’il ne le soit pas déjà.
Qui entendra cet appel au secours ?