Le Journal de Montreal

Comment évaluer le coût d’une faillite personnell­e

- Emmanuelle Gril emmanuelle.gril@quebecorme­dia.com

Béatrice, 38 ans, vit une séparation difficile. En plus de son déménageme­nt, elle a dû racheter certains meubles et faire face à des dépenses imprévues. Elle se retrouve aujourd’hui dans une impasse.

Sa situation financière est si précaire que Béatrice est persuadée qu’elle devra faire faillite.

Or, son entourage lui a dit que cette procédure était coûteuse et qu’elle devrait payer des honoraires élevés.

Paralysée par la crainte, elle n’ose pas aller chercher de l’aide, ce qui ne fait qu’augmenter son angoisse et retarder la recherche de solutions.

LE CALCUL DES CONTRIBUTI­ONS

Prenant son courage à deux mains, Béatrice se décide finalement à aller consulter. Elle a pu rapidement être rassurée, car le conseiller en réorganisa­tion financière de Jean Fortin et Associés lui a expliqué que la consultati­on était sans frais et que si elle décidait de faire faillite, les contributi­ons mensuelles à verser seraient basées sur sa capacité financière.

« Plus précisémen­t, le calcul se fait sur la moyenne des revenus que gagnera Béatrice pendant la durée de sa faillite. Cette durée est de neuf mois pour une première faillite et de 24 pour une deuxième », explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité et président de Jean Fortin et Associés.

Dans cette moyenne, on tient compte des éléments suivants :

√ Le revenu net après impôt

√ Le nombre de personnes que comprend l’unité familiale (conjoint, enfants à charge, etc.) ;

√ Les dépenses relatives aux frais de garde, à une pension alimentair­e à verser ainsi qu’à une condition médicale ou à l’emploi.

Attention : la loi fixe le montant des contributi­ons mensuelles que devront verser ceux dont les revenus nets dépassent un certain seuil. Lorsque les revenus excèdent ce seuil, il faudra payer une contributi­on obligatoir­e calculée par le syndic selon des critères établis par la loi, et ce, pendant 12 mois de plus que la durée habituelle de la faillite. Cela représente­ra donc une durée totale de 21 mois pour une première faillite et de 36 mois pour une deuxième.

« La loi tente ainsi d’équilibrer le droit d’un individu de se libérer de ses dettes avec le droit des créanciers de récupérer une partie de leur argent lorsque la personne a des revenus plus élevés », précise Pierre Fortin.

PAS DE REVENUS EXCÉDENTAI­RES

Pour sa part, Béatrice gagne 55 000 $ brut par année. Elle a la garde partagée de ses deux enfants et des frais de garde à payer. Ses revenus ne dépassent pas le seuil fixé par la loi pour une famille de trois personnes, qui s’établit à 3641 $ net par mois, moins certaines dépenses admissible­s.

Sa faillite ne durera donc que neuf mois puisqu’elle n’a pas de revenus excédentai­res. Le syndic a donc eu la possibilit­é de fixer lui-même la contributi­on mensuelle, laquelle s’est limitée à des versements de 160 $, pour un total de 1440 $.

« Si Béatrice avait été admissible à un remboursem­ent d’impôt fédéral, cette somme aurait été considérée comme un actif, de même que pour des crédits TPS, jusqu’à concurrenc­e d’un certain montant », indique Pierre Fortin.

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