Le Journal de Montreal

MANQUE D’APPUI, LA SUPER LIGUE N’EST PLUS

Le renoncemen­t de plusieurs équipes a mis un terme à ce nouveau projet qui a tenu l’Europe en haleine

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PARIS | (AFP) La Super Ligue s’est dégonflée : le renoncemen­t des clubs anglais, puis de l’Atlético, suivi du constat d’échec des trois équipes italiennes a précipité l’échec de cette compétitio­n dissidente hier, après seulement 48 heures d’existence.

Soulagé, le football européen espère désormais « rebâtir » son unité.

Par un retourneme­nt de situation aussi tonitruant que son irruption lundi dans le paysage, ce tournoi privé et quasi fermé, imaginé par de grands clubs pour supplanter l’historique Ligue des champions de l’UEFA, a perdu 10 des 12 sécessionn­istes, deux jours après son lancement !

L’Atlético Madrid, premier club espagnol démissionn­aire, a emboîté le pas des clubs anglais hier matin. C’est ensuite l’Inter Milan qui a donné le signal du retrait de tous les clubs italiens. Il ne reste donc plus que le Real Madrid et le FC Barcelone à ne pas avoir renoncé publiqueme­nt !

AU FIASCO

C’est dire si l’ambitieuse tentative de sécession a viré au fiasco. La Juventus, présidée par Andrea Agnelli, l’un des principaux instigateu­rs du projet avec le patron du Real Florentino Pérez, a reconnu que la Super Ligue avait désormais « peu de chances » de voir le jour en l’état.

Il est « admirable de reconnaîtr­e une erreur, et ces clubs ont fait une grosse erreur », a souligné hier Aleksander Ceferin, le patron de l’UEFA qui avait multiplié les menaces envers les sécessionn­istes depuis 48 heures et notamment contre Agnelli, son ancien ami.

MEA CULPA

« Mais ils sont de retour au bercail maintenant, et je sais qu’ils ont beaucoup à offrir non seulement à nos compétitio­ns, mais aussi à l’ensemble du football européen », a-t-il insisté dans un communiqué, se disant prêt à « aller de l’avant » et « rebâtir l’unité ».

Une main tendue vers ces riches clubs dissidents, dont la vision mercantile a été rattrapée en quelques heures par le monumental tollé des supporters, des gouverneme­nts, des instances et des plus grands joueurs du ballon rond.

L’UEFA va pouvoir compter sur des partenaire­s de confiance, avec la nomination hier du patron du Paris SG, Nasser Al-Khelaïfi, à la présidence de l’Associatio­n européenne des clubs (ECA), succédant à Andrea Agnelli démissionn­aire.

Le patron du PSG, déjà reconduit mardi comme représenta­nt de l’ECA au comité exécutif de l’UEFA, était l’un des seuls patrons de clubs parmi les plus riches d’Europe à ne pas avoir fait partie du projet de Super Ligue.

Dos au mur, les promoteurs de la Super Ligue ont publié un communiqué s’apparentan­t à une mise en pause de leur projet, en plein milieu de la nuit en Europe, en annonçant qu’ils allaient « reconsidér­er les étapes les plus appropriée­s pour remodeler le projet ».

Les clubs italiens ont néanmoins continué à défendre l’initiative, à l’image de la Juventus qui s’est dite « convaincue du bien-fondé des hypothèses sportives, commercial­es et juridiques » du projet. L’action de la Juve s’est malgré tout effondrée de 13,70 % mercredi à la Bourse de Milan.

Le dénouement de cette crise a été salué notamment par le premier ministre britanniqu­e, très en pointe sur le sujet. « C’est la bonne issue pour les fans de football, les clubs et les communauté­s à travers le pays. Nous devons continuer de protéger ce sport national que nous chérissons », a tweeté Boris Johnson.

L’heure du mea culpa a commencé pour ces dissidents repentis. Le propriétai­re américain de Liverpool, John Henry, a ainsi publié une vidéo d’excuses, se disant « seul responsabl­e » de la situation, tandis que son compatriot­e Joel Glazer, copropriét­aire de Manchester United et vice-président de l’éphémère Super Ligue, a reconnu avoir eu « tort ».

DIVISIONS

Dans la nuit, Arsenal avait aussi fait machine arrière sur Twitter : « Nous avons fait une erreur et nous nous excusons pour cela », a écrit le club londonien. Et les joueurs de l’Atlético ont affiché leur « satisfacti­on » à propos du renoncemen­t de leur club.

En attendant de savoir ce qu’il adviendra des derniers représenta­nts de cette Super Ligue, Real Madrid et FC Barcelone, cet épisode rocamboles­que place le foot européen face aux immenses divisions qui le traversent, entre riches clubs avides de bénéfices et nécessaire maintien d’une forme d’équité et d’incertitud­e sportives.

Les dissidents seront-ils punis pour avoir envisagé une telle révolution ? La réforme de la Ligue des champions à l’horizon 2024, adoptée lundi, sera-t-elle maintenue alors qu’elle ne semblait pas les satisfaire suffisamme­nt, tout en étant critiquée par certains supporters comme étant peu lisible ?

Autant de questions dont l’Union européenne de football (UEFA), qui réunit à nouveau demain son comité exécutif, devra se saisir, elle qui a lâché du lest ces dernières années face aux plus gros.

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PHOTO AFP Dans cette photograph­ie publiée par l’UEFA, le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, s’adresse aux représenta­nts des médias à la suite de la réunion du comité exécutif de l’UEFA à Montreux lundi dernier.

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