Le Journal de Montreal

Sourire grâce à la gomme balloune

Le créateur de la gomme Big League Chew embrasse l’idée d’avoir apporté une certaine joie aux gens

- BENOIT RIOUX

L’entrevue semblait aussi improbable que la vie de son sujet : le créateur de la gomme balloune « Big League Chew », Rob Nelson.

Le contact s’est fait par le biais de l’illustratr­ice québécoise Josée Tellier qui, suivant sa passion pour le baseball, a notamment produit une collection de 50 cartes d’anciens joueurs et membres des Expos pour souligner le 50e anniversai­re de l’équipe, en 2019.

Nelson, qui habite à Portland, en Oregon, a découvert ses oeuvres via les réseaux sociaux. Une relation virtuelle s’est bâtie, si bien qu’à sa grande surprise, la Québécoise a reçu, le 13 avril dernier, deux caisses de la populaire gomme balloune réputée pour ressembler à du tabac à chiquer.

« Je n’en revenais pas, raconte-t-elle, en riant. Quand il m’a demandé si je voulais recevoir de la gomme, je pensais qu’il allait m’envoyer trois ou quatre sachets. Pas deux caisses. » En retour, la Québécoise a envoyé à l’Américain une carte illustrant l’un de ses joueurs de baseball préférés : l’ancienne vedette des Expos, Rusty Staub.

« Quand les Expos ont envoyé Rusty Staub aux Mets avant la saison de 1972, c’était un grand jour pour moi, mentionne Nelson. J’ai grandi à Long Island et à partir du moment où les Mets ont remporté la Série mondiale en 1969, tout le monde était partisan des Mets. »

UN ANCIEN DES MAVERICKS

En l’invitant à raconter sa propre histoire ayant mené à la création de la gomme Big League Chew, c’est là que Rob Nelson se révèle comme un personnage plus grand que nature.

Lui-même un ancien lanceur gaucher et diplômé en philosophi­e à l’Université Cornell, Nelson a longtemps rêvé d’atteindre les majeures. Or, après un court séjour pour pratiquer son sport en Afrique du Sud, il a notamment fait partie de l’aventure un peu folle des Mavericks de Portland, un club indépendan­t ayant appartenu à l’acteur Bing Russell dans les années 1970. Le documentai­re The Battered Bastards of Baseball, sur Netflix, retrace d’ailleurs cette épopée.

C’est justement chez les Mavericks que Nelson, en voyant le préposé au bâton Todd Field (devenu acteur et producteur) cracher une substance noire, a eu l’idée d’inventer une gomme ressemblan­t au traditionn­el tabac à chiquer. Or, ce jour-là, Field ne mâchait pas du tabac, mais bien de la réglisse noire déchiqueté­e « pour faire comme les grands ».

« La réponse courte est que je suis le créateur de la Big League Chew, mais en réalité, je suis simplement celui qui a eu l’idée principale, dit-il. J’ai plutôt été chanceux de croiser Todd Field et l’ancien joueur Jim Bouton qui m’ont tous deux aidé à développer cette idée.

« De savoir que les gens mâchent quelque chose d’amusant et non une substance dangereuse, c’est ce qui me fait le plus plaisir, vient-il résumer. Je me plais à croire que j’ai aussi fait sourire des tonnes de gens avec cette gomme. »

PORTLAND OU MONTRÉAL ?

Quand on lui demande s’il croit que Portland accueiller­a un club du baseball majeur un jour, l’homme répond habilement.

« J’espère que les deux prochaines villes à avoir un club seront Montréal et Portland, lance-t-il. La première qui mérite d’en avoir une est Montréal et après ça, il y aurait peut-être Las Vegas ou Nashville, mais je préfère Portland. Ça ferait toute une rivalité avec les Mariners de Seattle. »

MERCI À JIM BOUTON !

Le lanceur Jim Bouton a évolué avec les Yankees de New York au début des années 1960 avec Mickey Mantle et Roger Maris, entre autres. C’est aussi lui qui a offert un premier financemen­t à Rob Nelson pour qu’il développe le produit Big League Chew.

Comme celle de Nelson, la vie de Bouton n’a rien eu de banal. Celui-ci a d’ailleurs été mis longtemps à l’écart par le baseball majeur à la suite de son livre controvers­é Ball Four, qui révélait certains secrets de vestiaire, dont l’amour de Mantle pour la bouteille.

Malgré un talent évident, Bouton s’est donc retrouvé avec les Mavericks de Portland, où il s’est lié d’amitié avec Nelson.

Si Bouton, décédé en 2019, ne sera jamais intronisé au Temple de la renommée du baseball, Nelson a trouvé un autre moyen de lui rendre hommage.

« Sur le paquet original de la “Big League Chew”, on a fait changer le numéro sur le casque du joueur [qui était 16] pour le 56, soit celui qui était porté par Jim », a indiqué Nelson.

« MACHO MAN » DERRIÈRE LE MARBRE

Rob Nelson aime faire allusion à ce jour où il a obtenu un essai dans l’organisati­on des Cardinals de St. Louis, à Sarasota, en Floride. Il avait notamment eu le privilège d’avoir comme receveur un dénommé Randy Poffo, lequel a été mieux connu comme lutteur sous le nom de Randy « Macho Man » Savage.

 ?? PHOTOS COURTOISI ?? Cargaison de gomme balloune Big League Chew reçue par la Québécoise Josée Tellier, le 13 avril dernier, gracieuset­é de l’inventeur Rob Nelson (en mortaise).
PHOTOS COURTOISI Cargaison de gomme balloune Big League Chew reçue par la Québécoise Josée Tellier, le 13 avril dernier, gracieuset­é de l’inventeur Rob Nelson (en mortaise).

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