Le Journal de Montreal

« Ce qu’il vient d’accomplir est légendaire »

Stéphane Matteau et Vincent Damphousse se souviennen­t des débuts de Patrick Marleau

- Jonathan Bernier l∫ JBernierJD­M

Lorsqu’on pense au livre des records de la LNH, les innombrabl­es marques laissées par Wayne Gretzky sont celles qui frappent le plus l’imaginaire. Pourtant, celle que vient d’établir Patrick Marleau, en surpassant Gordie Howe dans la colonne des matchs joués, en est une qui mettra plusieurs années à être égalée.

Chez les joueurs actifs, Joe Thornton (1670) et Zdeno Chara (1598) sont les plus près. Toutefois, Thornton a déjà indiqué qu’il ne comptait pas le rejoindre et Chara vient de célébrer son 44e anniversai­re, le mois dernier.

Sans compter que Marleau n’a pas encore tiré sa révérence.

« Ce qu’il vient d’accomplir est légendaire. Oui, il y a certains records de Wayne Gretzky qui ne seront jamais égalés. Mais pour disputer autant de matchs dans une carrière, il faut que tu sois performant jusqu’au-delà de 40 ans. C’est pour des phénomènes de la nature comme [Chris] Chelios, [Jaromir] Jagr et lui. »

Ces mots sont de Stéphane Matteau. Acquis par les Sharks en juillet 1997, le Québécois est arrivé à San Jose en même temps que Marleau, choix de premier tour (2e au total) des Sharks cet été-là.

« C’était un jeune réservé, mais il était toujours à son affaire. Il prenait un soin jaloux de son corps. Ce n’est pas pour rien qu’il n’a pratiqueme­nt jamais manqué de matchs en raison de blessure et qu’il a pu surpasser Gordie Howe », a noté Matteau.

À l’époque, les Sharks, arrivés dans le circuit Bettman à l’automne de 1992, tentaient de sortir de l’ombre. Ils avaient pris l’initiative d’encadrer leurs jeunes espoirs de vétérans. C’est dans cette optique que Matteau avait été acquis. Il en fut de même, la saison suivante, pour Vincent Damphousse.

« À 19 ans, Patrick était extrêmemen­t rapide. C’était un patineur naturel. C’était sa principale qualité et c’est ce talent qui l’a gardé dans la ligue longtemps », s’est souvenu Damphousse, joint par Le Journal plus tôt cette semaine.

UN HOMME DE FER, UN VRAI

Damphousse a joué dans la LNH jusqu’à l’âge de 36 ans. Une carrière bien remplie de 18 saisons et de 1378 matchs qui font l’envie de la majorité des hockeyeurs, mais qui n’est rien à côté de celle de Marleau. C’est bien pour dire.

« Patrick, c’est une exception. Il a 41 ans et il ne parle même pas encore de retraite », a indiqué l’ancien capitaine du Canadien.

D’ailleurs, lorsqu’on fait le recensemen­t de ses matchs, on se rend compte que Marleau n’a raté que 35 des 1803 rencontres de ses équipes. Il a donc maintenu un pourcentag­e de présence de 98,1 %.

« C’est incroyable, a soutenu Damphousse. En plus, si tu veux garder ta job, tu dois être capable de suivre. À partir de 35 ans, ce n’est pas facile. Il faut que tu aies un bon coup de patin. »

Demeurer loin de l’infirmerie pendant une carrière de 23 ans relève effectivem­ent de l’exploit. Au fil des dernières années, on a vu quelques joueurs disputer des séquences de plusieurs centaines de matchs.

On a beau les qualifier d’hommes de fer, il semble que ce ne soit pas toujours la réalité. La durabilité de certains d’entre eux serait, apparemmen­t, attribuabl­e au fait qu’ils ne sont pas toujours impliqués. Ce qui n’est pas le cas de Marleau.

« Il n’a jamais été un joueur frileux. Il se pointait toujours dans le trafic. Soit il jouait avec la douleur, soit il a été chanceux », a estimé Matteau.

Raison de plus pour souligner l’exploit selon l’ancien joueur des Rangers.

L’ÉQUIPE DE MARLEAU

En disputant chacun cinq saisons complètes en compagnie de Marleau, les deux Québécois l’ont vu s’émanciper. D’abord sous les ordres de Darryl Sutter, puis sous ceux de Ron Wilson.

« Pour les aider à s’intégrer, Darryl aimait bien jumeler des jeunes à des vétérans, a raconté Matteau qui s’est souvent retrouvé sur la même unité que le jeune Saskatchew­anais. Darryl était un entraîneur exigeant, mais il avait été patient avec lui. Ça avait aidé Patrick à prendre sa place. »

Mais tout n’a pas toujours été rose. Comme c’est le cas pour chaque joueur qui fait le saut dans la LNH à 18 ou 19 ans, Marleau a connu des moments plus difficiles.

« À ma première année à San Jose, c’est arrivé qu’il ne soit pas habillé pour des matchs de séries éliminatoi­res, a indiqué

Damphousse. D’ailleurs, à 19 ans, il ne jouait pas 20 minutes par match. Il avait beaucoup de choses à apprendre. »

Il faut dire que Marleau avait quelques vétérans à déloger, dont Damphousse lui-même.

« Étant donné qu’on était deux joueurs de centre, je prenais un peu de ses minutes. Mais j’avais un rôle de mentor auprès de lui. Je savais que l’avenir de l’équipe allait passer par lui, donc je voulais qu’il continue de s’améliorer. »

« Avant que je prenne ma retraite, pendant les séries de 2004, je jouais à gauche sur son trio. Il a eu de bonnes séries. On avait perdu en demi-finale. À partir de là, les Sharks, c’était vraiment son équipe. »

Et ça l’est encore 17 ans plus tard, malgré de courts détours par Toronto et Pittsburgh.

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 ?? PHOTOS AFP ?? 1. Patrick Marleau a salué les partisans des Golden Knights qui lui ont réservé une chaleureus­e ovation lundi soir au T-Mobile Arena de Las Vegas. 2. Après le match, Mark Stone, Jonathan Marchessau­lt et les joueurs des Golden Knights ont félicité celui qui venait de surpasser une marque établie par Gordie Howe. 3. Des partisans des Sharks de San Jose ont célébré à leur manière le 1768e match de leur joueur favori dans la LNH. 4. Aux premières loges, Tomas Hertl a manifesté sa joie à l’endroit de son valeureux coéquipier. 3
PHOTOS AFP 1. Patrick Marleau a salué les partisans des Golden Knights qui lui ont réservé une chaleureus­e ovation lundi soir au T-Mobile Arena de Las Vegas. 2. Après le match, Mark Stone, Jonathan Marchessau­lt et les joueurs des Golden Knights ont félicité celui qui venait de surpasser une marque établie par Gordie Howe. 3. Des partisans des Sharks de San Jose ont célébré à leur manière le 1768e match de leur joueur favori dans la LNH. 4. Aux premières loges, Tomas Hertl a manifesté sa joie à l’endroit de son valeureux coéquipier. 3
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