Le Journal de Montreal

Un ex-médecin « délinquant » risque d’être radié à vie

L’homme traite des patients malgré la suspension de son permis d’exercice

- ÉRIC YVAN LEMAY

Le Collège des médecins tente depuis un an de reprendre le contrôle sur un ex-médecin qui continue à pratiquer illégaleme­nt et qui demanderai­t aux patients de le payer en argent comptant.

La semaine dernière, le syndic de l’Ordre profession­nel a demandé la radiation à vie de Photios Giannakis, âgé de 71 ans.

« Le Dr Giannakis est un délinquant. Le portrait qu’on a de lui, c’est le portrait d’un homme qui ne respecte rien », a dit Me Jacques Prévost lors de l’audience devant le conseil de discipline.

Il faut dire que Giannakis a multiplié les frasques depuis sa radiation temporaire du 1er avril 2020, selon la preuve accumulée par le Collège des médecins.

Il a vu plusieurs de ses patients sans leur mentionner qu’il n’avait plus le droit de pratiquer.

Dans certains cas, il a demandé à ce qu’ils paient leur consultati­on en argent comptant.

Il a refusé de remettre l’ensemble de ses carnets de prescripti­on au représenta­nt du Collège et continué de prescrire des médicament­s et des examens médicaux.

Il aurait utilisé le numéro de permis de son frère, lui aussi médecin, pour remplir certaines prescripti­ons pour ses patients.

Le Collège des médecins s’est même adressé à la Cour supérieure. En décembre dernier, Photios Giannakis a été condamné à payer 24 000 $ pour une série d’infraction­s. Le juge a toutefois estimé que l’emprisonne­ment n’était pas nécessaire.

« UN CAS UNIQUE »

Cela ne semble pas avoir fait réfléchir l’ex-médecin. En mars et avril, il a fait l’objet de nouvelles plaintes au Collège.

« C’est un cas unique. On ne voit pas ce genre de personnage très souvent au sein des ordres profession­nels », a indiqué Me Prévost.

« Il est comme un électron libre. On n’a aucun contrôle sur lui », a-t-il poursuivi plus tard.

Le médecin qui détient un permis d’exercice depuis 1978 a attiré l’attention du Collège en 2011 après avoir été hospitalis­é pour un problème de santé lié à sa consommati­on de narcotique­s et de benzodiazé­pines.

PRATIQUE DANGEREUSE

Il s’était alors engagé à ne plus prescrire ce type de médicament­s. Il s’est ensuite engagé à ne plus faire d’examens gynécologi­ques et ne plus voir de patients de moins de 14 ans.

En 2018, le syndic a toutefois découvert qu’il avait contourné un de ses engagement­s en prescrivan­t des benzodiazé­pines à trois patients.

En parallèle, l’Ordre a commencé à s’inquiéter de sa pratique.

Il a été sommé de suivre un stage de perfection­nement de trente jours.

Ce dernier a été interrompu après huit jours en raison de lacunes majeures sur le plan des connaissan­ces et du jugement clinique.

UNE TRISTE HISTOIRE

C’est dans ce contexte qu’il a été radié provisoire­ment en avril 2020. Or, il a continué de pratiquer dans sa clinique du boulevard Saint-Martin Ouest à Laval.

Ses patients, dont plusieurs sont d’origine grecque ou allophone, ignoraient même qu’il faisait l’objet de sanctions.

Le président du conseil de discipline, Pierre Sicotte, a dit qu’il rendra sa décision sous peu.

« C’est une triste histoire », a-t-il conclu.

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PHOTOS MARTIN ALARIE ET FACEBOOK Même s’il est radié provisoire­ment, Photios Giannakis (mortaise) a reçu des patients dans sa clinique du boulevard Saint-Martin Ouest à Laval, aujourd’hui fermée.

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