Un ex-médecin « délinquant » risque d’être radié à vie
L’homme traite des patients malgré la suspension de son permis d’exercice
Le Collège des médecins tente depuis un an de reprendre le contrôle sur un ex-médecin qui continue à pratiquer illégalement et qui demanderait aux patients de le payer en argent comptant.
La semaine dernière, le syndic de l’Ordre professionnel a demandé la radiation à vie de Photios Giannakis, âgé de 71 ans.
« Le Dr Giannakis est un délinquant. Le portrait qu’on a de lui, c’est le portrait d’un homme qui ne respecte rien », a dit Me Jacques Prévost lors de l’audience devant le conseil de discipline.
Il faut dire que Giannakis a multiplié les frasques depuis sa radiation temporaire du 1er avril 2020, selon la preuve accumulée par le Collège des médecins.
Il a vu plusieurs de ses patients sans leur mentionner qu’il n’avait plus le droit de pratiquer.
Dans certains cas, il a demandé à ce qu’ils paient leur consultation en argent comptant.
Il a refusé de remettre l’ensemble de ses carnets de prescription au représentant du Collège et continué de prescrire des médicaments et des examens médicaux.
Il aurait utilisé le numéro de permis de son frère, lui aussi médecin, pour remplir certaines prescriptions pour ses patients.
Le Collège des médecins s’est même adressé à la Cour supérieure. En décembre dernier, Photios Giannakis a été condamné à payer 24 000 $ pour une série d’infractions. Le juge a toutefois estimé que l’emprisonnement n’était pas nécessaire.
« UN CAS UNIQUE »
Cela ne semble pas avoir fait réfléchir l’ex-médecin. En mars et avril, il a fait l’objet de nouvelles plaintes au Collège.
« C’est un cas unique. On ne voit pas ce genre de personnage très souvent au sein des ordres professionnels », a indiqué Me Prévost.
« Il est comme un électron libre. On n’a aucun contrôle sur lui », a-t-il poursuivi plus tard.
Le médecin qui détient un permis d’exercice depuis 1978 a attiré l’attention du Collège en 2011 après avoir été hospitalisé pour un problème de santé lié à sa consommation de narcotiques et de benzodiazépines.
PRATIQUE DANGEREUSE
Il s’était alors engagé à ne plus prescrire ce type de médicaments. Il s’est ensuite engagé à ne plus faire d’examens gynécologiques et ne plus voir de patients de moins de 14 ans.
En 2018, le syndic a toutefois découvert qu’il avait contourné un de ses engagements en prescrivant des benzodiazépines à trois patients.
En parallèle, l’Ordre a commencé à s’inquiéter de sa pratique.
Il a été sommé de suivre un stage de perfectionnement de trente jours.
Ce dernier a été interrompu après huit jours en raison de lacunes majeures sur le plan des connaissances et du jugement clinique.
UNE TRISTE HISTOIRE
C’est dans ce contexte qu’il a été radié provisoirement en avril 2020. Or, il a continué de pratiquer dans sa clinique du boulevard Saint-Martin Ouest à Laval.
Ses patients, dont plusieurs sont d’origine grecque ou allophone, ignoraient même qu’il faisait l’objet de sanctions.
Le président du conseil de discipline, Pierre Sicotte, a dit qu’il rendra sa décision sous peu.
« C’est une triste histoire », a-t-il conclu.