Le Journal de Montreal

Un vrai problème

Le Québec a vécu un traumatism­e au printemps 2020 lorsque les CHSLD furent dévastés par une vague de décès liés à la COVID-19. Nous en avons pour des années à enquêter et disséquer ce qui a pu produire pareille hécatombe.

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

À la fin du printemps, 10 % de toutes les personnes hébergées en CHSLD y avaient perdu la vie. Des soignants appelés en renfort à l’époque racontent aujourd’hui le malaise de constater tous ces lits vides.

Les voix de partout s’élevaient à l’époque pour promettre que toutes les actions seraient entreprise­s pour qu’une telle chose ne se reproduise plus. Jamais. Aucun effort ne devait être ménagé pour protéger dorénavant les aïeux du Québec.

À l’époque, on a blâmé les gouverneme­nts actuels et passés. On a blâmé la tendance générale de la société québécoise à caser ses aînés dans de gros centres. Jamais il n’a été question de blâmer le personnel.

LE PERSONNEL DES CHSLD

Les résidents de CHSLD ne sortant pas, la maladie est entrée par le personnel. Mais ils ne pouvaient pas être blâmés pour l’obligation de se déplacer d’un établissem­ent à l’autre ou d’une zone chaude à une zone froide. Le manque d’équipement de protection ne pouvait certaineme­nt pas être leur faute non plus.

Les membres du personnel, dont plusieurs ont été eux-mêmes malades, ont été vus comme des victimes de cette crise. Avec raison. Et on a vanté leur travail courageux.

Un an plus tard, les choses ont changé. La proportion anormaleme­nt élevée d’employés de CHSLD qui ont refusé d’être vaccinés jusqu’à aujourd’hui représente un véritable enjeu. On joue avec la santé et la sécurité des résidents sans la moindre justificat­ion.

Des chiffres ont circulé cette semaine sur la proportion des employés des résidences pour aînés qui sont vaccinés dans chacune des provinces. Dans ce tableau préliminai­re, le Québec arrive dernier. En date d’hier, plus du tiers du personnel des CHSLD n’avait toujours pas reçu le vaccin.

C’est inacceptab­le.

Aucune nuance possible : inacceptab­le. Le gouverneme­nt tente de colmater la brèche en les testant trois fois par semaine. Sur leurs heures de travail !

ARGUMENTS CLAIRS

Le vaccin réduit considérab­lement les risques d’être porteur de la COVID. Lorsqu’on travaille dans un milieu où vivent des gens aussi fragiles, on doit faire le nécessaire. Il s’agit d’une responsabi­lité.

Les syndicats représenta­nt ces employés devraient se mobiliser. Même s’ils ont encouragé leurs membres à se faire vacciner, le refus de ceux-ci soulève des questions. Les syndicats ont crié, avec raison, pour avoir du matériel de protection approprié. Mais ils ont l’air fous, lorsque la protection ultime arrive, le vaccin, de lever le nez.

Les éclosions dans les CHSLD sont bien plus mineures aujourd’hui puisque les résidents sont protégés par le vaccin. Néanmoins, il en existe. On devrait faire enquête sur les éclosions qui sont dues à du personnel non vacciné et rendre publiques les conclusion­s. La vérité, S.V.P.

L’Italie vient de rendre obligatoir­e la vaccinatio­n pour les soignants. Ce n’est pas ce que je souhaite. Mais la négligence actuelle ne peut plus durer.

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Plus du tiers du personnel des CHSLD n’est toujours pas vacciné. Ce n’est pas acceptable.

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