Le Journal de Montreal

La désinforma­tion brise des familles

- GENEVIÈVE PETTERSEN genevieve.pettersen @quebecorme­dia.com

J’écrivais récemment que je ne savais pas comment on allait faire pour se réconcilie­r, après la COVID. C’est vrai qu’il y a beaucoup de tensions dans l’espace public, mais on peut aussi les observer dans la sphère privée.

IMPUISSANC­E

Vous êtes nombreux à avoir le coeur brisé. Je pense à cette dame de la Beauce, à qui j’ai parlé au téléphone, et qui m’a longuement raconté sa peine de s’être éloignée d’une fratrie de laquelle elle était très proche.

Quand je dis proche, ça veut dire que tout ce monde-là partait en vacances ensemble et se parlait au téléphone régulièrem­ent. Puis est arrivée la pandémie, et cette famille tissée serrée, comme beaucoup d’autres, a volé en éclats.

Comment on fait quand, tout à coup, l’un des nôtres commence à tenir un discours négationni­ste ? Qu’est-ce qu’on dit quand la chair de notre chair s’abreuve des paroles de ceux qui font leur pain et leur beurre de la désinforma­tion ?

IMPLOSION

On répond quoi quand on nous traite de peurologue­s, de moutons ou de confineurs en pyjama ? Dans bien des cas, ça frise l’endoctrine­ment, alors on se sent impuissant­s.

Des sujets sont désormais à éviter si on ne veut pas aggraver les chicanes : le port du masque et la vaccinatio­n. Il y a des familles qui sont désormais toujours à une parole d’imploser. Et je trouve ça d’une tristesse sans nom.

Ma messagerie est remplie de gens qui ne savent plus quoi faire pour aider leurs proches et qui pleurent leur disparitio­n. Vous comparez ça à un deuil. Parce que c’en est un. Vos soeurs, vos frères, vos mères et vos pères, vous ne les reconnaiss­ez plus.

Je vous ai posé la question : est-ce que ça va se réparer ? Est-ce que vous allez réussir à reconnecte­r avec votre monde ?

Que va-t-il rester de nous, de nos familles, quand tout sera terminé ? Et vous m’avez dit que votre plus grande peur, c’est qu’il ne reste rien.

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