Le Journal de Montreal

Peine clémente pour un batteur de femme

La juge aurait voulu infliger une sentence plus sévère

- MICHAËL NGUYEN

Un Montréalai­s frustré qui a battu à répétition sa conjointe s’en est tiré avec 90 jours de prison de fin de semaine parce que la Couronne a choisi un mode de poursuite qui a lié les mains de la juge.

« N’eût été le choix du ministère public de poursuivre l’accusé par voie sommaire, le tribunal n’aurait aucunement hésité à imposer à l’accusé une peine [...] plus lourde que celle réclamée », a lancé la juge Louise Provost en condamnant Nicolas Lescalier ce mois-ci au palais de justice de Montréal.

Lescalier, un spécialist­e en financemen­t âgé de 26 ans, s’en était pris à sa conjointe en 2019, après que cette dernière eut découvert qu’il s’était inscrit sur un site de rencontres.

En réponse à cela, il s’était mis à dénigrer la femme et à s’adonner à de la violence verbale avant de commencer à la traîner par les cheveux, à lui cracher dessus, mais aussi à la battre violemment.

« Je me suis sentie humiliée le jour où j’ai dû recourir à l’aide de trois vendeuses d’un Sephora [un magasin de cosmétique­s] pour trouver les meilleurs produits afin de masquer mon visage meurtri », avait commenté la victime à la cour.

La femme, qui a depuis quitté Lescalier, tente maintenant courageuse­ment de se reconstrui­re, malgré ce qu’elle a subi.

« Ce dossier s’apparente à de nombreux autres dossiers d’hommes violents qui imposent à leur partenaire intime […] une existence remplie d’anxiété et de douleurs physiques et psychologi­ques », a déploré la juge en dénonçant le fléau de la violence conjugale qui frappe le Québec.

CLÉMENCE FORCÉE

Sauf que si la juge était d’avis que Lescalier méritait d’autant plus une peine exemplaire que ses excuses étaient « plutôt en lien avec la peur des conséquenc­es » de son crime et qu’il ne semblait pas s’être pris en main, elle s’est dite liée par le choix de la Couronne de porter des accusation­s par voie sommaire, c’est-à-dire moins graves que par voie criminelle.

Face à cela, elle a accepté de suivre la recommanda­tion de la Couronne, condamnant Lescalier à la prison de fin de semaine, une probation de deux ans, et à 150 heures de travaux communauta­ires.

Lescalier espérait obtenir l’absolution pour garder son emploi dans une compagnie américaine, mais cette option a été rejetée du revers de la main.

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PHOTO TIRÉE D’INSTAGRAM Coupable d’avoir battu son ex-conjointe, Nicolas Lescalier fera 90 jours de prison.

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