L’image des victimes sur le web doit être protégée
Une loi pour intervenir chez les réseaux sociaux demandée
Des familles de personnes assassinées réclament un projet de loi au plus vite pour obliger les géants du web à contrôler et à retirer automatiquement les photos d’une victime du profil de son assassin.
« Il faut penser aux victimes et à leurs proches. Il faudrait s’inspirer de ce qui est fait ailleurs. Le fédéral devrait immédiatement déposer un projet de loi, et au provincial, le ministre de la Justice devrait inciter son homologue », martèle Nancy Roy de l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues.
Mardi à l’Assemblée nationale, la députée de Joliette, Véronique Hivon, a interpellé le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, pour qu’il se penche sur la question du droit à l’image sur les réseaux sociaux des personnes assassinées.
Car, selon la loi actuelle, rien n’empêche un meurtrier de conserver des photos de lui et de sa victime sur internet. Et même lorsqu’une ordonnance de non-publication est prescrite, il est possible de faire partager des photos si la victime n’est pas identifiée comme telle.
DES ANNÉES D’ATTENTE
Résultat : des proches de victimes doivent attendre la fin des procédures judiciaires criminelles, qui durent plusieurs années, avant de pouvoir utiliser le jugement comme levier. Et, encore là, c’est loin d’être gagné d’avance, soupire Nancy Roy.
« Les profils devraient être suspendus automatiquement pendant les procédures », soupire-t-elle.
« On parle de médias sociaux. C’est difficile d’avoir le contrôle [...] La poignée est difficile à trouver », a indiqué mardi le ministre, en précisant qu’il allait réfléchir à la question.
Il a cependant proposé d’instaurer davantage d’accompagnement et de réaliser un guide pour savoir quoi faire dans une pareille situation.
Mais ça prendra bien plus pour forcer la main aux géants du web, estime Mme Roy, qui a déjà tenté les démarches à de nombreuses reprises pour plusieurs familles.
AU-DELÀ DU GUIDE
« Il faut aller au-delà du guide et de la sensibilisation. On le fait déjà ça, poursuit-elle. Et on a beau essayer, mais il n’y a pas de numéro ou d’adresse. C’est comme se battre contre un géant invisible. »
Récemment questionné sur les recours pour faire retirer les photos de deux jeunes victimes du profil de leur agresseuse présumée, Facebook a répondu qu’il n’était « pas en mesure de supprimer le compte » puisqu’aucun jugement n’avait été rendu.
« Il y a pas mal de complexités autour de cette affaire », a commenté le géant du web, puisque les photos en soi ne violent pas les normes.