Le Journal de Montreal

Près de 200 000 $ en dédommagem­ent pour une nounou

- JONATHAN TREMBLAY

Un couple d’ophtalmolo­gistes de Montréal a été condamné à dédommager son ex-nounou pour près de 200 000 $, car il n’a pas respecté ses droits et ne lui a pas offert des conditions de travail raisonnabl­es pendant plusieurs mois.

« La façon dont M. Naqeeb a géré le paiement d’une partie de son salaire [...] et l’attitude impolie des défendeurs de ne pas utiliser son nom était inacceptab­le, inexcusabl­e et contraire à la dignité de son employée », a tranché la juge Sophie Picard, dans une décision civile rendue le 14 avril dernier.

« La prévention, la dissuasion et la dénonciati­on de tels actes répréhensi­bles justifient l’octroi de dommagesin­térêts punitifs importants », a-t-elle poursuivi, à propos des gestes de Mohammad Rashad Naqeeb et Dina Adbul Mannan.

PASSEPORT DANS UNE ARMOIRE

En janvier 2018, ce couple originaire d’Arabie saoudite a fait venir à Montréal une jeune femme des Philippine­s, dont l’identité est protégée par la cour, afin de travailler comme aide-domestique dans son condo.

Or, 10 mois plus tard, la nounou s’est rendue à la police, alléguant que ses employeurs avaient abusé de sa vulnérabil­ité en la gardant dans une condition économique précaire.

Le tribunal a notamment reconnu que M. Naqeeb a enfreint leur contrat en ne déposant pas son salaire chaque mois dans son compte et ne l’a pas payée entièremen­t lorsqu’elle le demandait.

Puis on lui a reproché de ne pas s’être assuré que la nounou avait une journée de congé par semaine. Lui et sa conjointe détenaient aussi son passeport dans une armoire de leur chambre.

La famille a aussi manqué de respect envers la jeune femme en insistant plutôt pour l’appeler Lyn, soit le nom de leur nounou précédente.

Toutefois, la cour n’a pas été en mesure de reconnaîtr­e toutes les allégation­s de la plaignante, comme un événement où elle disait avoir été séquestrée.

GENS HONNÊTES

« Bien qu’elle ait fait certaines allégation­s qui peuvent laisser perplexe, ces faits n’ont pas été amenés au procès, a commenté l’avocat du couple, Me David Banon. La cour n’a pas non plus conclu qu’elle a été victime de travaux forcés. »

La juge a statué que les défendeurs étaient honnêtes et instruits, et qu’ils auraient aidé la nounou à quitter le pays si elle l’avait demandé.

Celle-ci réclamait un total de 58 869 $ en salaire impayé et 1,1 M$ en dommages punitifs et moraux. Le tribunal a néanmoins condamné les ophtalmolo­gistes à lui verser 25 157 $ en salaire, 160 000 $ en dommages. Ils seraient en réflexion à savoir s’ils portent la cause en appel, selon leur avocat.

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