Parcours du combattant pour être indemnisée
Épuisée après des années de lutte pour être indemnisée, une victime de violence conjugale n’a toujours pas obtenu l’aide financière à laquelle elle était admissible pour passer au travers de ce douloureux moment.
« J’ai vécu sur pause pendant des années parce qu’on n’a pas reconnu ce qu’on reconnaît aujourd’hui. J’hallucine de devoir me battre à ce point pour de l’aide », dénonce la victime, qui a demandé à conserver l’anonymat puisque son dossier n’est pas clos.
Sur ses genoux, Diane (nom fictif) tient la pile de tous les échanges qu’elle a eus avec l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) depuis 2018, un mois après avoir quitté en trombe son conjoint violent.
Sans logement, sans meubles, sans argent, la mère de cinq enfants a dû reconstruire sa vie du tout au tout.
« Je suis une mère monoparentale. Juste pour me trouver un appartement, ç’a été l’horreur », confie celle qui a eu recours à l’aide sociale.
PREUVE APRÈS PREUVE
Car si elle a rapidement eu accès à un suivi psychologique offert par l’IVAC grâce aux accusations criminelles portées contre son ex, l’indemnisation a été une tout autre paire de manches.
Au début, on lui demandait de prouver que son choc post-traumatique était exclusivement lié à ses années auprès de monsieur. Ce dernier a plaidé coupable de voies de fait et de harcèlement à son endroit.
« Pour mon médecin, le lien était immédiat », précise-t-elle.
La demande a été acceptée… avant d’être refusée à nouveau, sous prétexte que la dame n’étudiait pas à temps plein au moment des faits.
Puis, même avec des papiers en ordre, elle a essuyé des refus dans ses demandes de révision, pour des motifs de « délais écoulés ». Elle s’est finalement tournée vers le tribunal administratif pour contester la décision.
À BOUT, PLUS CAPABLE
Entre-temps, l’IVAC a de nouveau vérifié son dossier et lui accorde désormais l’indemnisation qu’elle aurait dû avoir depuis des années.
« Vous avez fait valoir vos droits dans le délai prévu à la loi », a admis l’organisme en mars.
« Épuisée, à bout », elle estime qu’il faut absolument revoir le système d’indemnisation aux victimes.
« C’est beau, de dire à une victime de violence conjugale : “va-t’en”, mais quand tu t’en vas, tu n’as plus rien », indique-t-elle.
« [L’IVAC] met tout en oeuvre pour que les dossiers soient traités dans les meilleurs délais et dans le respect du cadre légal », a réagi l’organisme.