Le sommet de Biden
Il était difficile de ne pas rigoler en entendant les 40 dirigeants des plus puissants pays du monde surenchérir les uns sur les autres lors du sommet sur l’environnement convoqué par les États-Unis. Loïc Tassé
Bien entendu, le sujet est gravissime. Le réchauffement climatique va provoquer de plus en plus de catastrophes météorologiques. Il est entendu que ces pays ne font pas suffisamment d’efforts pour réduire les changements climatiques. La Chine et l’Inde en particulier. Mais on aurait tort de sous-estimer la détermination et les moyens dont dispose
Joe Biden pour contraindre les États-Unis et les autres pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L’administration Biden agit bien au-delà des simples paroles.
1 Pourquoi espérer de nouvelles politiques environnementales ?
Le cynisme envers les politiciens a été encouragé par les politiques désastreuses de Donald Trump. Une perception qui sera longue à dissiper. Pourtant, le contraste entre Biden et Trump est frappant. Alors que Trump nommait des gens inexpérimentés et incompétents, des fondamentalistes religieux ou même des bandits, Biden au contraire s’entoure de personnes très expérimentées. Le secteur de l’environnement n’y échappe pas, à commencer par John Kerry, son Envoyé à l’environnement, qui a failli être élu président des États-Unis en 2004 et qui est devenu Secrétaire d’État sous la présidence d’Obama.
2 Que fait concrètement l’administration Biden ?
L’administration Biden va investir massivement en environnement. Les premiers projets d’investissement dans le domaine commencent à sortir. Par exemple, dans le cadre du projet de reconstruction et de développement des infrastructures, la Maison-Blanche a annoncé un investissement de 16 milliards de dollars pour établir à travers les États-Unis des stations de recharge électrique rapide pour les automobiles. Pour compenser la fermeture des mines de charbon, le gouvernement a annoncé un plan de reconversion tous azimuts des zones affectées. Ce plan comprend de l’argent pour toutes sortes de projets, de la capture du CO2 au nettoyage des mines de charbon et des eaux contaminées, en passant par l’extraction de minéraux rares à partir des résidus du charbon, l’aide aux PME et aux organisations communautaires, ou encore le soutien à l’éducation et à la construction d’écoles.
3 Pourquoi Biden est-il pressé d’agir ?
En à peine 100 jours, l’administration Biden a mis sur pied un nombre impressionnant de projets concrets de toutes sortes et ce n’est qu’un début. Joe Biden est pressé. Personne ne sait s’il pourra toujours compter sur une double majorité au Congrès américain après les prochaines élections dans deux ans.
4 Vers où vont les politiques environnementales ?
Les États-Unis de Biden tentent de prendre le leadership international en environnement. Pour le moment, ce leadership appartient encore à l’Union européenne. Cette dernière vient d’adopter de nouvelles cibles de 55 % de réduction des gaz à effet de serre par rapport à 2005. Les mesures adoptées en Europe laissent entrevoir une évolution probable du marché européen vers un protectionnisme environnemental. Au grand dam des exportateurs de pays où les normes environnementales sont encore trop faibles. Ce protectionnisme environnemental risque de devenir très tentant pour le Congrès américain, en particulier dans le cadre de la guerre froide entre la Chine et les États-Unis.
5 Le sommet sur l’environnement de Biden a-t-il changé quelque chose ?
Le sommet n’a probablement rien changé. Mais il a montré que la protection de l’environnement était à présent au premier rang des préoccupations mondiales, devant la rivalité entre la Chine et les États-Unis. C’est une bonne nouvelle.