L’intolérance au nom de la tolérance

Notre époque se veut intransigeante avec l’intolérance. Elle la traque. Elle la maudit.

Rien ne plaît tant à l’homme contemporain, surtout si c’est un progressiste mondain, que de jouer au citoyen vertueux, ouvert, tolérant, et plus encore, de prendre la pose sur les réseaux sociaux en dénonçant celui qui passe pour le raciste du moment, même si cette étiquette est souvent collée injustement.

HAINE

Mais une chose me frappe : c’est le deux poids deux mesures dans cette lutte à l’intolérance.

Trop souvent, celui qui se croit en croisade contre l’intolérance n’est pas conscient de sa propre intolérance. Il n’est pourtant pas avare de mépris, et même de haine.

On le voit dans sa manie d’associer à la xénophobie, à la haine et à l’extrême droite tous ceux qui s’opposent à sa vision du monde, ou qui cherchent simplement à la nuancer.

On le voit dans sa prétention à réclamer le monopole du coeur, de l’ouverture, de la générosité, de l’empathie.

Vous ne pensez pas comme lui sur l’immigration, la diversité, la discrimination positive, la multiplication des revendications « minoritaires » ? Vous êtes un moins que rien, un galeux, une punaise, une merde.

Si vous avez une tribune, il faut vous l’enlever. Si vous êtes sur les médias sociaux, il faut vous en chasser. Si vous avez un travail, il faut vous le faire perdre.

Qu’on me permette d’en témoigner.

MÉDIAS

Je pense en ce moment à un journaliste adoré du petit milieu médiatique, qui sans gêne, m’invective régulièrement de la plus vulgaire manière, sans que jamais ses collègues ne sentent le besoin de se détacher de lui.

Je pense à ceux qui insultent régulièrement les intellectuels et chroniqueurs qui résistent au politiquement correct, leur crachent dessus médiatiquement, sans que jamais on ne le leur reproche.

Oui, ils pratiquent l’intolérance au nom de la tolérance. En sont-ils conscients ?