Anglade veut rompre avec le « couillardisme »
Le Parti libéral de Dominique Anglade a agréablement surpris le #mononc101 que je suis, hier, avec son plan de défense de la langue française.
D’abord parce qu’il se base sur un constat que les libéraux ont systématiquement refusé de faire sous Charest et Couillard : le statut précaire – et plus récemment déclinant – du français.
« Je le vois moi-même, dans le centre-ville de Montréal, on l’observe. C’est pour ça qu’il faut des mesures qui soient costaudes », a osé dire Mme Anglade, hier.
RUPTURE
Il y a là une rupture avec le couillardisme. 2014 : Philippe Couillard prononce un discours exclusivement en anglais en Islande.
Il ne comprend pas que comme premier ministre, il représente plus que lui-même, c’està-dire le médecin-citoyen-du-monde-au-parcours-international. Il devrait incarner le Québec.
Lorsqu’un reporter lui fait remarquer qu’il n’a parlé qu’anglais, il se vexe : « Si on est rendus au point où il faut dire aux gens que le Québec est francophone, on a un problème. Tout le monde sait que les Québécois parlent français. Ce qui est important pour nous, c’est que l’auditoire comprenne le message ».
Que la langue officielle du Québec est le français n’est aucunement su partout sur la planète ! (Ce n’est même pas toujours très clair au sein du PLQ, même si on doit cette avancée à Robert Bourassa.)
Il s’agissait d’un autre indice selon lequel M. Couillard se montrait presque indifférent à la lutte pour le français. Au débat des chefs de 2014, il avait soutenu (avant de s’excuser) que chaque employé d’usine devrait être bilingue au cas où un patron anglophone surgirait ! C’était le fond de sa pensée.
PAS LA MÊME VISION
Dans son autobiographie, Dominique Anglade consacre très peu d’espace à son ancien chef, à qui elle doit pourtant son expérience ministérielle.
« Nous ne partageons pas toujours la même vision des choses », prend-elle soin de souligner (p. 196). « En ce qui concerne l’avenir collectif, j’ai la certitude qu’il faut davantage s’affirmer comme nation et ne pas avoir peur de le dire. Je prône la nécessité d’être clair
[sic] dans nos demandes au gouvernement fédéral. » Cette « posture », note-t-elle, était moins « dans la nature » de M. Couillard.
C’est là un euphémisme. Chez Couillard, on percevait que toute défense du Québec français un peu appuyée relevait d’une « mentalité d’assiégé ».
27 MESURES
Au lieu d’attendre de réagir au tant attendu plan caquiste en matière de langue, le PLQ d’Anglade a eu l’excellente idée de prendre l’offensive.
Plusieurs des 27 éléments qu’il contient sont pertinents. Un gouvernement Anglade appuierait par exemple l’application de la loi 101 aux entreprises de compétence fédérale et « aux entreprises de 25 à 29 employés ». Mais pas aux cégeps anglophones. Cela n’est pas surprenant. Au moins le PLQ propose d’y « geler le nombre de places » à leur niveau de 2019 tout en exigeant des étudiants qu’ils y réussissent au moins trois cours en français. C’est déjà ça.
Évidemment, plusieurs seront sceptiques. Les pressions au sein du PLQ pour que Mme Anglade recule, évite d’en faire des promesses électorales, seront légion.
Au moins, une rupture avec le désolant couillardisme semble s’opérer.