Le train à grande fréquence encore bien loin à l’horizon
Le ministre Champagne jure cependant que ce vaste projet va se concrétiser
Ceux qui espéraient que le gouvernement Trudeau allait profiter de son généreux budget de lundi pour donner le coup d’envoi au train à grande fréquence (TGF) de VIA Rail auront été déçus. Le ministre François-Philippe Champagne assure toutefois que plus rien ne peut faire dérailler le projet.
Dans son premier budget, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé 4,4 millions $ afin de « réduire les risques du projet » et 491,2 millions $ sur six ans pour des infrastructures « qui soutiendraient la réussite globale du projet ».
Il faudra toutefois des milliards de dollars pour que le TGF voie le jour.
« Je m’attendais à beaucoup plus que ça », a réagi le maire de Québec, Régis Labeaume.
Rappelons qu’au cours des dernières semaines, M. Champagne a mené une campagne personnelle pour tenter de mobiliser les élus municipaux et les gens d’affaires en faveur du TGF.
Au cours d’un entretien téléphonique avec Le Journal, cette semaine, il a préféré voir le verre à moitié plein.
« Je ne connais personne qui met un dépôt d’un demi-milliard s’il ne veut pas acheter, a-t-il lancé. Un demi-milliard, c’est quand même un dépôt important pour aller de l’avant. Là, on n’est pas juste dans les études. On fait de la construction pour, quand même, réaliser l’ambitieux projet de Québec à Toronto. »
GOULOTS D’ÉTRANGLEMENT
« Avec un demi-milliard, on en fait, des travaux, a-t-il ajouté. Des travaux qui sont essentiels dans le coin de Montréal, en partie sur certains échangeurs, pour permettre au train à grande fréquence de circuler. Il y a des goulots d’étranglement qu’on doit régler. »
Selon le ministre de l’Innovation, le budget Freeland établit clairement que le tracé comprendra Québec, Trois-Rivières, Montréal, Ottawa et Toronto. Et que le projet sera bel et bien un TGF plutôt qu’un train à grande vitesse (TGV) ne reliant que Montréal à Toronto.
Il y a deux semaines, Le Journal a révélé que la ministre de l’Infrastructure, Catherine McKenna, et le sous-ministre des Finances, Michael Sabia, plaidaient en faveur d’un TGV au détriment d’un TGF.
« Ce que j’ai lu dans les études, c’est que c’est le manque de fréquence qui a le plus grand impact sur le fait que les gens prennent le train ou non, a indiqué François-Philippe Champagne. [...] J’ai vécu en Europe pendant des années et l’idée derrière ça, c’est que tu n’as pas besoin de regarder ta montre avant de te présenter à la gare. Il y a toujours un train dans les 15 ou 20 prochaines minutes. »
« ON Y VA PAR ÉTAPES »
Mais pourquoi ne pas avoir saisi l’occasion de donner le feu vert au projet ?
« On y va par étapes, a répondu M. Champagne. [...] Chaque fois qu’on fait un pas de plus vers la réalisation du projet, c’est un pas important parce que toutes ces étapes-là sont nécessaires dans les grands travaux d’ingénierie. C’était vrai aussi pour le pont SamuelDe Champlain. »
Or, la construction du nouveau pont avait été annoncée d’un seul coup, en 2011, par le précédent gouvernement Harper. L’ouvrage est entré en service en 2019.
« AVEC UN DEMI-MILLIARD, ON EN FAIT, DES TRAVAUX. » – François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie