Le Journal de Montreal

Un virage difficile

Québec entend électrifie­r le transport scolaire

- JULIEN MCEVOY

Québec obligera les transporte­urs scolaires à remplacer leurs autobus au diésel de plus de douze ans par des véhicules électrique­s, dès cet été. Mais le gouverneme­nt sait-il dans quoi il s’embarque ?

« C’est un virage difficile à faire. Mes véhicules électrique­s me prennent beaucoup plus d’énergie à gérer que le reste », lance Louise Giroux au sujet du projet de 250 millions $ annoncé par les ministres François Bonnardel (Transports) et Benoit Charette (Environnem­ent), hier.

Mme Giroux est présidente d’Autobus Laval, un transporte­ur de la région de Québec qui possède 150 autobus scolaires, dont sept électrique­s. Elle a été la première à prendre le virage en 2017 avec l’achat de deux autobus de Lion Électrique, une entreprise de Saint-Jérôme. Cinq autres ont suivi l’année suivante.

La dame est très enthousias­te quand elle en parle.

« J’aime les inventions, les nouvelles technologi­es, ça me motive beaucoup », s’exclame-t-elle.

Elle est toutefois bien placée pour dire que le virage que Québec s’apprête à imposer à l’ensemble des transporte­urs scolaires du Québec ne se fera pas sans heurt.

« Je ne fais pas d’argent avec mes sept véhicules électrique­s. Ça va devoir être bien attaché sur le plan financier pour qu’on passe à travers », avance l’entreprene­ure.

Et Québec vise haut avec son nouveau programme : remplacer 65 % de la flotte de 10 650 autobus scolaires par des véhicules électrique­s d’ici 2030. Actuelleme­nt, 1 % de la flotte est électrique.

Pour y arriver, les transporte­urs pourront bénéficier d’une subvention de 150 000 $ par autobus la première année. Québec s’engage aussi à payer 75 % du coût de la borne de recharge, estimé à 20 000 $.

« CÔTÉ OPÉRATIONN­EL, C’EST DUR »

Louise Giroux explique que les choses se sont rapidement compliquée­s avec ses autobus électrique­s.

Une batterie supplément­aire ? 20 000 $ de frais. Deux bornes de recharge qui brisent ? Une autre dépense. Installer des bornes au fond de la cour ? Il faut excaver et passer le câblage. Sans compter le fait qu’avec sept bornes, son transforma­teur est maximisé. Il en faut donc un nouveau pour la suite.

« Où est la subvention pour changer mon gros transfo ? Je ne la vois pas. Estelle incluse dans le programme ? C’est à propos de choses comme ça qu’on se questionne », dit-elle.

Avec la Fédération des transporte­urs par autobus, elle va commencer par « éplucher le nouveau programme mot par mot [...] demander des explicatio­ns et [...] voir comment on va gérer ça », conclut-elle.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Louise Giroux est la première à avoir pris le virage électrique dans le transport scolaire au Québec. À la tête d’Autobus Laval, elle possède environ 150 autobus, dont sept électrique­s.

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