Le Journal de Montreal

Épuisé et épuisant le CH

- JEAN-CHARLES LAJOIE

L’actuelle saison de la LNH n’a pas beaucoup de sens. Surtout dans la division canadienne. La pandémie a dicté le pas à Gary Bettman afin qu’il puisse tenir un calendrier à frontière fermée. En fin de compte, le commissair­e de la LNH se retrouve avec un scénario à son goût.

Quatre divisions, une seule regroupant les équipes canadienne­s et trois logeant exclusivem­ent aux États-Unis, son marché de prédilecti­on. Les deux premières rondes éliminatoi­res disputées à l’intérieur de chacune des sections, ce qui assure la présence d’une seule équipe canadienne parmi les quatre demi-finalistes de la Coupe Stanley.

Mais dans quel état arrivera le champion canadien au carré d’as ?

Aucune autre équipe du circuit Bettman n’aura voyagé autant que le Canadien et les Canucks de Vancouver. Restreints aux mêmes rigueurs du calendrier condensé de 56 matchs, soit huit de trop, ces deux clubs du Nord voyagent sans relâche d’un océan à l’autre, traversant quatre fuseaux horaires.

TRAIN OU AUTOBUS

En comparaiso­n, les équipes de la section « USA-East » auraient pu disputer l’entière saison en utilisant la voiture, le train ou l’autobus. Prenez les favoris de Gary, les Rangers. Vingt-huit matchs à Madison Square Garden, quatre à Long Island, quatre au New Jersey et quatre à Philadelph­ie. Quarante de leurs 56 matchs sans prendre l’avion.

Au final, ils auront volé seulement 15 fois pour disputer des matchs et en revenir, et ce, sans jamais changer de fuseau horaire. Une moyenne de 70 minutes par envolée, toutes nolisées. Le Canadien aura quant à lui pris l’avion à 19 reprises, dont 11 en devant changer de fuseau horaire.

Je ne suis pas dans un exercice visant à excuser les performanc­es en dents de scie du Canadien. L’équipe performe par rapport aux attentes placées en elle et son irrégulari­té inquiète. N’empêche, les partisans sont brûlés à devoir écouter les nombreux matchs disputés après 21 h le soir. Imaginez ceux qui doivent les jouer. Le groupe de leaders chargé de mener le CH avance en âge. Carey Price et Jeff Petry ont 34 ans, Shea Weber et Corey Perry 36. Eric Staal a 37 ans, Tomas Tatar 31, Ben Chiarot 30, Tyler Toffoli et Brendan Gallagher 29 et Philippe Danault 28. Ces 10 piliers affichent une moyenne d’âge de 32,4 ans.

Dans une saison normale, ça peut aller. Dans un calendrier débile, chamboulé par des reports de match, alors que tu dois te faire jouer dans le nez tous les matins et que tu ne peux jouir de tes beaux dollars puisque semi-confiné à l’hôtel... Dans une campagne où tu n’as pas le droit de décompress­er autour de quelques bonnes bouteilles avec tes coéquipier­s sur la route un soir de congé… Au fait, nonobstant ceux imposés par la convention, il n’y a pas de congé.

Pour une équipe sous pression comme le Canadien, un club qui n’a pas le droit de manquer son coup cette année, ce doit être difficilem­ent supportabl­e.

Je comprends que le Canadien soit épuisé. N’empêche, à le regarder suer ou pas certains soirs, c’est aussi épuisant.

 ?? PHOTO MARTIN CHEVALIER ?? Depuis plusieurs semaines, les joueurs du Canadien sont soumis à un rigoureux calendrier où les voyages à travers le pays deviennent épuisants.
PHOTO MARTIN CHEVALIER Depuis plusieurs semaines, les joueurs du Canadien sont soumis à un rigoureux calendrier où les voyages à travers le pays deviennent épuisants.
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