Le Journal de Montreal

Des airs de 1993

- JOSÉ THÉODORE

On dit que l’histoire se répète. Je dois avouer que le Canadien d’aujourd’hui me fait penser à l’équipe championne de la coupe Stanley de 1993. J’ai d’ailleurs le même feeling que cette année-là, quand j’avais 17 ans et que ma famille avait un abonnement de saison du Forum. Tout comme à l’époque, on voit un beau mélange de jeunesse et d’expérience au sein d’une formation appuyée par un gardien au sommet de sa forme. La magie s’installe, tout le monde apporte sa contributi­on et le CH semble gagner en confiance de match en match. On trouve toujours une façon de gagner.

J’avais prédit une victoire du Canadien en six parties sur Winnipeg, mais je n’aurais jamais imaginé un balayage contre les Jets, qui misaient sur un gardien détenteur du trophée Vézina en Connor Hellebuyck.

Hellebuyck a été bon, mais son visà-vis, Carey Price, était imbattable ou presque. En prolongati­on, tout comme ce fut le cas contre les Maple Leafs de Toronto et Jack Campbell, il était évident que le meilleur gardien se trouvait devant le filet montréalai­s.

Parlant de prolongati­on, le Canadien a déjà trois victoires en autant d’occasions, dont deux face à l’éliminatio­n contre les Leafs. Je ne suis pas en train de dire que le Tricolore va gagner 10 rencontres en prolongati­on comme en 1993 et capturer la coupe Stanley, mais il gagne des duels serrés, et Price est dans la tête de ses adversaire­s, tout comme Patrick Roy l’était à l’époque. Tout est possible maintenant.

Je vous garantis que ni les Golden Knights de Vegas ni l’Avalanche du Colorado ne prendront le Canadien à la légère au prochain tour. La troupe de Dominique Ducharme a mérité le respect et a fait passer un sérieux message par sa remontée contre les Leafs et le balayage des Jets.

PRICE ET WEBER EN MISSION

Le Canadien joue du hockey inspiré et l’on sent que Price et Shea Weber veulent accomplir quelque chose qu’ils n’ont jamais réussi. Ils sont en mission. Leur réaction après l’éliminatio­n des Jets était très sobre et ça prouve une chose : ils n’ont qu’un objectif, soit la coupe Stanley.

Il faut reconnaîtr­e que Marc Bergevin a vu juste pour ses acquisitio­ns. Il s’est bâti un club pour les séries éliminatoi­res et la profondeur a rapporté. Il a l’air d’un génie, aujourd’hui.

Ducharme a su prendre les décisions et il n’a jamais paniqué, même en tirant de l’arrière 3 à 1 contre Toronto. Ça prend du nerf pour un entraîneur qui en est à sa première année de rayer de la formation un vétéran comme Tomas Tatar.

Il a habilement implanté sa mentalité et son défi premier était d’obtenir l’appui de deux ou trois vétérans. Ils sont pratiqueme­nt tous montés à bord de son train, sauf Tatar, qui en a subi les conséquenc­es. Vous pouvez maintenant enlever la partie « par intérim » au titre d’entraîneur-chef de Ducharme.

ÇA VAUT DE L’OR

Et que dire de Corey Perry et d’Eric Staal ? Ils n’ont pas la vitesse de Nick Suzuki ou de Cole Caufield, mais ils savent jouer au hockey. À leur âge, on ne peut leur demander de mener une équipe pendant 82 matchs, mais pour un mois ou deux, leur expérience vaut de l’or. Ils livrent la marchandis­e.

Les dénigreurs ont beau dire que la division Nord est plus faible, ça ne veut plus rien dire. Le Canadien est dans le carré d’as et c’est tout ce qui compte, surtout de la manière que joue Price. Il n’a pas été le gardien le plus constant au cours des deux dernières années, mais, présenteme­nt, il est dans sa zone, et, visiblemen­t, il éprouve beaucoup de plaisir à jouer.

Price est en pleine possession de ses moyens, et ça, ce n’est pas une bonne nouvelle pour ses futurs adversaire­s. Stéphane Waite avait raison lorsqu’il avait dit que Price était sur le point de retrouver tous ses moyens.

Propos recueillis par Gilles Moffet

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PHOTO AFP Carey Price joue dans la tête de ses adversaire­s.

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