La loi 21 a le dos large
Justin Trudeau n’a jamais été très à l’aise à aborder la question de la laïcité.
Il nous en a offert encore hier une belle démonstration.
Savez-vous que ce débat va prendre une autre tournure avec la pandémie ?
Eh oui, à cause du port du masque, les Québécois prendront conscience qu’il est possible de recevoir les services de l’État tout en ayant le visage couvert.
« Cela ne me surprendrait pas que dans les semaines et mois à venir il y ait des réflexions à avoir sur le but et l’importance de la loi 21 », a-t-il offert, le plus sérieusement du monde.
« En partie parce que ça fait un an qu’on passe beaucoup de temps avec des masques qui couvrent nos visages en obtenant des services de l’État et aussi parce qu’il y a une réelle inquiétude par rapport à la montée de l’intolérance et de l’islamophobie. »
On peut très bien s’amuser à noter l’apparente contradiction entre la mesure sanitaire et la loi sur la laïcité. D’autres l’ont fait avant lui. Mais de là à suggérer que cela fera changer les mentalités, il y a une marge.
On ne peut pas en vouloir à François Legault, qui a tourné en dérision la proposition de son homologue fédéral.
COINCÉ
En réalité, Justin Trudeau se sentait probablement un peu coincé, comme chaque fois qu’il est questionné sur la loi 21.
Peut-être ne s’attendait-il pas à ce que la presse anglophone l’amène sur ce terrain trois fois plutôt qu’une, en faisant un lien avec l’attentat islamophobe de London.
Here we go again.
Cela fait à peine 48 heures qu’une famille a été décimée dans le sud de l’Ontario dans un attentat et la loi 21 revient sur le tapis ?
Le Québec et sa loi maudite ont visiblement le dos très large aux yeux du ROC.
Ça commence à ressembler à une obsession.
On peut être pour ou contre la loi québécoise sur la laïcité, mais à quoi bon la diaboliser de cette façon à la suite d’un acte aussi violent ?
DISCRIMINATOIRE ET HAINEUSE
Justin Trudeau s’est entre autres fait demander s’il estimait que la loi 21 alimentait la haine et la discrimination.
« Non », a-t-il assuré.
Le premier ministre a toujours cru que la loi sur la laïcité était discriminatoire. Il n’a sans doute pas changé d’avis.
Le débat juridique sur la question, en vertu des chartes, se rendra un jour en Cour suprême. Haineuse ?
Justin Trudeau n’était visiblement pas prêt à franchir ce pas… par conviction ou électoralisme ?
Disons que le premier ministre s’est récemment découvert un intérêt plus marqué pour le fédéralisme asymétrique.
Le premier ministre a toujours cru que la loi sur la laïcité était discriminatoire. Il n’a sans doute pas changé d’idée.
RACISME
Un ancien candidat provincial conservateur de London avait sa propre explication de l’attentat xénophobe : le racisme qui gangrène sa ville.
Son texte est un véritable coup de poing.
« Ce terroriste était peut-être seul au volant de son camion, mais il n’a pas agi seul. Il a grandi dans une ville raciste qui prétend ne pas l’être », écrit Jeff Bennett, sur sa page Facebook.
Comme quoi il est toujours plus facile de chercher des coupables ailleurs que de se regarder dans le miroir.