Le Journal de Montreal

Ripostes possibles aux rançongici­els et cyberattaq­ues

Dans une opération étonnante, les États-Unis ont récupéré la majeure partie de la rançon de 4,4 millions de dollars payée pour mettre fin à la cyberattaq­ue qui a perturbé le mois dernier l’approvisio­nnement en carburant de la côte est des États-Unis.

- NORMAND LESTER normand.lester@quebecorme­dia.com

Le directeur du FBI, Christophe­r Wray, a déclaré que la menace de la cybercrimi­nalité présentait « beaucoup de parallèles » avec la menace du terrorisme avant le 11 septembre 2001. Pour faire face aux attaques croissante­s de rançongici­els contre les infrastruc­tures critiques du pays, Joe Biden envisage toutes les options, y compris une réponse militaire.

BLOQUER LES CYBERATTAQ­UES, UNE PRIORITÉ NATIONALE

Le président Biden prévoit aborder la question lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine la semaine prochaine à Genève. Poutine a nié être au courant ou avoir été impliqué dans de telles attaques.

Selon le FBI, DarkSide, le groupe cybercrimi­nel russe responsabl­e d’avoir paralysé l’oléoduc, aurait récolté en neuf mois, d’une cinquantai­ne de victimes, 90 millions de dollars de rançon en bitcoins avant d’annoncer, étrangemen­t, qu’il ne pouvait plus poursuivre ses activités. La valeur du bitcoin a glissé hier. Peut-être parce que les ÉtatsUnis ont réussi à récupérer la majeure partie de la rançon.

Sans dévoiler comment ils s’y sont pris, les Américains ont déclaré qu’ils utilisaien­t une méthode qu’ils pourraient reproduire pour avoir accès au portefeuil­le bitcoin d’autres pirates et y retirer de l’argent. La 780th Military Intelligen­ce Brigade, une unité de guerre cybernétiq­ue du Pentagone, aurait réalisé l’opération.

Ce succès intervient alors que les ÉtatsUnis semblaient incapables de se défendre contre une vague d’attaques de rançongici­els qui mettait aussi en cause leur sécurité économique.

S’il n’est plus possible de récupérer des rançons aussi importante­s de grandes entreprise­s, les cybercrimi­nels pourraient se recentrer sur des victimes de moindres importance­s qui n’attireront pas autant l’attention des forces de l’ordre et des organes de sécurité.

PIRATES ET ESPIONS : LES FRANGES SOMBRES DU NET

En Russie, en Iran, en Corée du Nord et, dans une certaine mesure, en Chine, les gouverneme­nts tolèrent ou même encouragen­t les pirates informatiq­ues indépendan­ts à poursuivre leurs activités criminelle­s à l’étranger. Ils espèrent éventuelle­ment s’en servir. Les services secrets, en particulie­r en Russie, recrutent des cybercrimi­nels ou les pointent sur certaines cibles.

Les organismes chargés de l’applicatio­n de la loi ne peuvent pas faire grandchose contre des criminels qui résident dans des états adversaire­s. Le FBI peut tout au plus avoir recours à la délation en offrant des sommes considérab­les pour connaître l’identité de cyberpirat­es étrangers.

Mais, comme on l’a vu plus haut, le Cyber Command du Pentagone a les capacités offensives requises pour, par exemple, s’en prendre aux avoirs de Poutine et des oligarques de son entourage. Des entreprise­s russes de secteurs stratégiqu­es pourraient également être victimes de mystérieux pirates informatiq­ues et être rançonnées.

Il y a toutefois lieu de se demander si plutôt que décourager la cybercrimi­nalité internatio­nale, de telles opérations pourraient engendrer un cercle vicieux infernal de représaill­es.

Ce succès intervient alors que les ÉtatsUnis semblaient incapables de se défendre contre une vague d’attaques

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