Le Journal de Montreal

La véritable éthique

- PHILIPPE LÉGER Blogueur au Journal philippe.leger2 @quebecorme­dia.com Chroniqueu­r et journalist­e

Depuis une semaine, on analyse la démission de Pierre Fitzgibbon comme ministre de l’Économie seulement sous la question du conflit d’intérêts.

Voilà qu’il est devenu, à entendre certains, un martyr d’une éthique parlementa­ire abusive qui empêcherai­t les gens d’affaires de se lancer en politique. Victime également de l’entêtement d’une commissair­e à l’éthique et de l’anticapita­lisme de Québec solidaire, à entendre le premier ministre Legault.

Or, la question ne se résume pas à savoir s’il y a eu malversati­on ou conflit d’intérêts. La question est morale.

Nous avons eu, de 2018 à 2021, un ministre de l’Économie ayant des parts dans une entreprise basée dans un pur paradis fiscal, l’île de Guernesey.

Ses parts dans cette entreprise, nommée White Star Capital, lui appartienn­ent encore. Il n’avait jamais cru bon de s’en débarrasse­r jusqu’au moment où la pression populaire est devenue trop forte.

Comment un ministre de l’Économie pouvait-il légitimeme­nt administre­r l’argent public, alors que lui-même possédait des avoirs, chez White Star Capital, bénéfician­t d’un stratagème qui affaiblit brutalemen­t l’État québécois depuis les années 80 ?

Comment, à la CAQ, a-t-on essayé de passer l’éponge, et espère-t-on maintenant son retour à la tête de l’économie québécoise ?

AFFAIRES

Il y a quelque chose d’étonnant à entendre certains commentate­urs et François Legault se demander si le code d’éthique est trop restrictif, s’il n’empêche pas les gens d’affaires de faire le saut en politique.

Je regarde le cabinet de la CAQ, et des gens d’affaires, il y en a. Aux dernières nouvelles, aucun d’entre eux n’a de liens, de près ou de loin, dans les paradis fiscaux, ou n’est en défaut du code d’éthique.

Alors, les problèmes que connaît aujourd’hui M. Fitzgibbon ne concernent que lui-même.

Faut-il davantage de gens d’affaires en politique ? Absolument, espérons-le.

Maintenant, a-t-on véritablem­ent besoin du retour d’un homme politique qui trame, encore aujourd’hui, dans une entreprise qui se détourne du fisc québécois ?

Je tente une réponse : non.

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