Le Journal de Montreal

Les travailleu­rs ont maintenant le gros bout du bâton, soutient Legault

Le PM affirme que des hausses de salaire sont inévitable­s dans certains secteurs

- OLIVIER BOURQUE

À cause de la pandémie et de la pénurie de main-d’oeuvre, le marché de l’emploi est-il en train de se transforme­r à l’avantage des travailleu­rs ? C’est ce que croit le premier ministre François Legault, qui estime qu’une hausse des salaires est inévitable dans certains secteurs.

« Pendant plusieurs années, on était dans une situation où c'étaient les employeurs qui avaient le gros bout du bâton. Ils affichaien­t un poste. Ils recevaient 50 C.V. », a indiqué M. Legault lors de la période des questions à l’Assemblée nationale.

Puis, faisant écho à un article du chroniqueu­r Joseph Facal qu’il avait tweeté hier matin, le premier ministre a soutenu que l’immigratio­n n’était pas la seule façon de pourvoir les 146 000 postes vacants au Québec. Il croit que les employeurs devront aussi être plus attrayants.

« Il manque de plus en plus d'employés qualifiés. Donc, maintenant, ce sont les travailleu­rs qui ont le gros bout du bâton. Résultat, les salaires augmentent plus vite. […] Bon, je comprends que le Parti libéral, ce qu'il aime, c'est de dire : On devrait ajouter 148 000 immigrants », a-t-il lancé à la cheffe du PLQ, Dominique Anglade.

SERVICES PUBLICS EN PÉRIL

Cette dernière a critiqué la réponse du gouverneme­nt face au nombre grandissan­t de postes vacants qui mettront en péril les services publics, selon elle.

« Il y a 32 000 postes vacants pour des personnes qui sont dans le secteur de la santé et des services sociaux, 14 000 postes qui ne sont pas comblés juste dans nos hôpitaux. […] Et la seule réponse que nous avons eue de la part du premier ministre à ce sujet c'est une chronique, aujourd'hui, qu'il nous a envoyés lire, une chronique qui est anti-immigratio­n », s’est-elle désolée.

Même son de cloche pour le Conseil du patronat (CPQ), qui s’interroge sur la position du gouverneme­nt caquiste face à la pénurie.

« Je ne sais pas pourquoi le premier ministre a retweeté cet article-là. Je ne sais pas si le premier ministre fait l’éloge de la pénurie de main-d’oeuvre ou l’éloge de rehausser ou d’augmenter les salaires en pensant que ça va régler la pénurie ? Moi ce que je vous dis, c’est que la pénurie est bien réelle », a indiqué Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, en entrevue au Journal.

RISQUE D’INFLATION

Selon lui, les employeurs de toutes les régions du Québec manquent de travailleu­rs et il croit qu’une hausse des salaires aurait des impacts négatifs.

« Notre entreprise familiale était dans le commerce de détail. Les marges de profits sont très faibles bien souvent. Si on augmente les salaires, ça aurait un impact sur le prix de vente. Et on ne parle pas de la spirale inflationn­iste que ça pourrait causer », a-t-il pronostiqu­é.

QUÉBEC « ACTUELLEME­NT ET UN PEU AU PARTOUT DANS LE MONDE, L MANQUE DE PLUS EN PLUS D'EMPLOYÉS QUALIFIÉS. » – François Legault

 ?? CAPTURES D’ÉCRAN VIDÉO TIRÉES DU SITE WEB DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE ?? Le premier ministre Legault et la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade, se sont affrontés, hier, sur le thème des solutions à la pénurie de main-d’oeuvre. Le choc d’idées s’est déroulé lors de la période des questions à l’Assemblée nationale.
CAPTURES D’ÉCRAN VIDÉO TIRÉES DU SITE WEB DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE Le premier ministre Legault et la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade, se sont affrontés, hier, sur le thème des solutions à la pénurie de main-d’oeuvre. Le choc d’idées s’est déroulé lors de la période des questions à l’Assemblée nationale.
 ??  ?? KARL BLACKBURN PDG du CPQ
KARL BLACKBURN PDG du CPQ

Newspapers in French

Newspapers from Canada