Le Journal de Montreal

Dans les souliers de mon jeune voisin

- MAKA KOTTO maka.kotto@quebecorme­dia.com

C’est un jeune homme âgé de 23 ans. Il ne se définit ni comme antivax ni comme « adepte de théories du complot ». Mais jusqu’à tout récemment, il était resté très discret sur les raisons de sa « distanciat­ion physique » avec le vaccin contre la COVID. Je vais l’appeler Jack afin protéger son identité.

Jack poursuit brillammen­t ses études de lettres et sciences humaines à l’université. Cultivé et très articulé, il fait preuve d’une maturité en décalage avec son jeune âge. Il vole quasiment de ses propres ailes grâce aux petits boulots qu’il accomplit ici et là, comme tondre le gazon une ou deux fois par mois chez nous.

Il respecte les mesures d’hygiène et la distanciat­ion physique. Il ne s’inscrit pas dans le bon vieux sentiment d’invincibil­ité observé chez la plupart des jeunes de son âge…

Jack est bien au fait que la COVID-19 n’est pas une maladie de « vieux ». Elle affecte tout le monde. Mais il hésite à se faire vacciner. Tout comme ses deux parents d’ailleurs... Et chaque fois que j’aborde cette question avec lui, il change de sujet.

« COBAYE »

Il est au courant pour ma récente double vaccinatio­n contre la COVID. Et depuis, il prend plus souvent des nouvelles de mon état de santé, contrairem­ent aux années prépandémi­es.

Il me fait sourire avec ses subtiles questions réitérées au sujet des effets secondaire­s de la vaccinatio­n contre la COVID sur moi. À part la petite douleur sur l’épaule au point d’injection, je n’ai rien eu. Je lis dans son regard furtif et pudique qu’il ne me croit pas vraiment et qu’il me considère littéralem­ent comme un cobaye de l’industrie pharmaceut­ique.

Alors, je le confronte à mon tour afin de savoir spécifique­ment les raisons qui l’empêchent d’aller se faire vacciner. Après une longue hésitation, il me réplique candidemen­t que personnell­ement, il n’est pas fermé à cette idée. Bon départ…

Jack est bien au fait que la COVID n’est pas une maladie de « vieux »

LES RAISINS DE LA MÉFIANCE

Selon son évaluation, reposant sur des centaines d’heures de lectures sur internet, la vitesse à laquelle le vaccin a été développé est une source de préoccupat­ions et de méfiance. Il pointe au passage la prédominan­ce des intérêts économique­s de l’industrie pharmaceut­ique…

Il dit par ailleurs que le fait de mettre tant de pression sur les jeunes de sa catégorie d’âge ne l’inspire guère ; notamment avec toutes les incohérenc­es des messages entourant les ajustement­s de divers vaccins au gré du temps… « Il y a des affaires qui ne sont pas encore au point dans ces patentes-là », ajoute-t-il.

Aussi, compte tenu du fait que la COVID ne conduit pas nécessaire­ment les jeunes de son âge au cimetière, il dit ne pas vouloir jouer à la loterie avec sa propre santé avec le vaccin anti-COVID au risque de rejoindre la courte liste de celles et ceux qui ont développé une myocardite (inflammati­on du muscle cardiaque) après avoir été vaccinés.

Jack n’est pas un cas désespéré. Conséquemm­ent, les campagnes de communicat­ion des autorités publiques doivent s’affiner pour répondre aux inquiétude­s des jeunes réticents comme lui.

 ?? PHOTOS AFP ET D’ARCHIVES ?? Martine Moïse à son arrivée dans la capitale haïtienne Port-au-Prince, hier, équipée d’une veste pare-palle et d’une attelle au bras. Elle a été traitée dans un hôpital de Floride après l’attaque. En mortaise, elle et son mari Jovenel, assassiné il y a 11 jours.
PHOTOS AFP ET D’ARCHIVES Martine Moïse à son arrivée dans la capitale haïtienne Port-au-Prince, hier, équipée d’une veste pare-palle et d’une attelle au bras. Elle a été traitée dans un hôpital de Floride après l’attaque. En mortaise, elle et son mari Jovenel, assassiné il y a 11 jours.
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