Le Journal de Montreal

Rocky Mountain freinée par une usine fermée en Malaisie

La chaîne d’approvisio­nnement des vélos a déraillé au cours des derniers mois

- FRANCIS HALIN L’an dernier, les dépenses pour l’achat et l’entretien de vélos ont bondi de 32 % au Québec, selon la firme Moneris. De leur côté, les ventes dans les magasins de vélos ont crû de 87 % en janvier dernier.

La firme québécoise de conception de vélos Rocky Mountain, qui roule à toute vitesse avec le boum de la demande, doit mettre la pédale douce en raison de la fermeture d’une usine de Malaisie.

« La fermeture d’une usine de Shimano en Malaisie a une incidence sur plus de 75 % de nos plateforme­s, donc il y a souvent une petite pièce, peu importe laquelle, qui provient de cette usine-là », explique Katy Bond, directrice générale de Rocky Mountain.

Dans ce pays d’Asie du Sud-Est, la pandémie fait toujours rage. Le pays subit des fermetures d’usines, ce qui cause des maux de tête à l’industrie entière.

Jusqu’à présent, malgré ces vents de face, Rocky Mountain est parvenu à livrer ses vélos depuis le début de l’année.

« On a quand même réussi à livrer nos vélos à 96 % dans la bonne période de temps », raconte celle qui dirige l’entreprise, au bout du fil.

Fondée en 1981, Rocky Mountain qui souffle ses 40 bougies cette année, a été rachetée en 1997 par Raymond Dutil, de la famille Dutil, propriétai­re de Canam.

Aujourd’hui, la société de 130 employés, qui a son siège social à Saint-Georges, en Beauce, et un centre de recherche en développem­ent et marketing à North Vancouver, connaît une croissance fulgurante avec la pandémie.

« Tous nos vélos sont assemblés en Asie. À l’interne, on fait le design du vélo, on décide de l’habiller avec certaines pièces X, Y et Z et on fait nos premiers prototypes en aluminium en interne », poursuit Katy Bond.

MOIS DIFFICILES

Or, en dépit des commandes à la hausse, des défis se mettent sur sa route.

Approvisio­nnement en pièces, développem­ent des cadres, transport laborieux des vélos… Rocky Mountain ne l’a pas eue facile, ces derniers mois.

« Avant, ça prenait 90 jours pour obtenir un dérailleur. Maintenant, pour plus de la moitié des pièces de vélo, on va chercher des délais de production de plus de 500 jours », illustre Mme Bond.

Les usines qui fabriquent ses cadres en aluminium ou en carbone croulent sous la demande. Le prix de l’aluminium a augmenté de 30 %, ajoute-t-elle.

À défaut de pouvoir surveiller le travail à l’étranger, la compagnie s’est tournée vers des outils technos pour veiller au grain à distance.

« On a été obligés d’acheter des petits robots pour faire l’inspection sur le plancher parce qu’on ne pouvait pas aller sur place aux usines d’assemblage de Taïwan », donne en guise d’exemple Katy Bond.

Pour ne rien arranger, les grands joueurs des composante­s, comme Shimano, Sram et Fox ont de plus en plus de mal à livrer la marchandis­e, et les cellules pour les vélos électrique­s sont elles aussi difficiles à avoir.

« C’est la guerre en ce moment pour avoir accès à ces pièces-là », dit-elle pour conclure.

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PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK Un cycliste effectue un saut aérien avec son vélo de montagne conçu par l’entreprise québécoise Rocky Mountain.

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