Le globe-trotter du divan
Frédéric Aubé, 24 ans, a récolté 2 M$ pour son entreprise de commerce en ligne
Cozey souffle sa première bougie et a de quoi célébrer. Le succès des divans modulaires que la jeune entreprise québécoise vend en ligne et livre en 48 heures vient de lui permettre de boucler en un clin d’oeil une ronde de financement privé de 2 millions $.
Au centre de la table, un Sherbrookois de 24 ans avec 257 matchs d’expérience dans la LHJMQ et un bac de McGill en finance en poche. Frédéric Aubé vient de vendre 3000 divans en un an. Il est à l’assaut d’un marché inexploré, celui ouvert par Endy et ses matelas en boîte.
« Le bond était de 25 % chaque mois. On est prêts pour la vitesse supérieure. »
Rien de nouveau dans le meuble pour lui. À 18 ans, il siège au conseil d’administration de Bestar, fabricant de bureaux et de mobilier fondé en Estrie en 1948 que son père vient de racheter.
« Un bel apprentissage », lui dit le paternel. « Il avait raison ! J’ai appris un peu du meuble, un peu des affaires. » En un été, il conçoit le site transactionnel de Bestar – toujours en ligne.
Cette expérience s’avère utile au moment de la conception de son divan modulaire, qu’il réalise à l’aide d’un designer industriel. Le divan trois sièges se vend 965 $. Chaque siège additionnel est offert à 255 $.
LE QUÉBEC, L’OUEST, PUIS LE MONDE
Cozey termine ces jours-ci à Mont-Royal, dans l’île de Montréal, son projet d’entrepôt de 25 000 pi2 et de bureaux de 5000 pi2 « avec studio photovidéo flambant neuf ». « Ça va vite. Une chance que j’ai Dominic. » Fred parle de Dominic Létourneau, 39 ans, qu’il courtise depuis deux ans. Ce dernier devient son numéro deux en janvier 2021. L’ex-analyste des marchés privés à la Caisse de dépôt et placement du Québec l’aide à « garder le cap ». L’entrepreneur s’affaire aussi à développer sa relation avec ses fournisseurs, dont son fabricant chinois, qu’il trouve à 90 minutes de Shanghai après plusieurs voyages.
« Toutes les entreprises veulent se faire une marge raisonnable sans que ça repose trop sur les épaules du consommateur. C’est pour ça qu’on est en Chine. »
Et il doit déjà s’adapter. En douze mois, le coût d’un conteneur a été multiplié par six, par exemple. Un effort qui s’inscrit dans une réalité implacable : se démarquer dans un secteur où les géants du meuble écrasent la concurrence.
Après le Québec et l’Ontario, la jeune entreprise et ses 2 millions en banque s’en vont dans l’Ouest canadien.
« On a signé pour un entrepôt de 10 000 pi2 à Vancouver, car il faut absolument livrer en 48 heures, ce qui est impossible actuellement pour un Montréal-Vancouver. »
Et ensuite ? Les États-Unis, puis le monde, se permet-il de rêver, en pensant à des bibliothèques, à des tables, à d’autres meubles.