Le Journal de Montreal

Swatting : la police se justifie

Les forces de l’ordre invoquent l’urgence d’agir pour avoir menotté une jeune victime d’un fraudeur samedi

- CATHERINE BOUCHARD

La police de Québec défend l’interventi­on qu’elle a menée samedi en déployant l’équipe tactique pour arrêter un jeune, victime de swatting, expliquant que la priorité était de sauver des vies en situation d’urgence.

Samedi matin, un inconnu a contacté Nicolas Pelletier pour lui dire qu’il avait été fraudé et qu’il devait télécharge­r une applicatio­n. Flairant l’arnaque, M. Pelletier a refusé, ne prenant pas au sérieux le fraudeur, qui menaçait d’appeler « le SWAT », c’està-dire l’équipe tactique.

Cependant, l’arnaqueur a réellement contacté les services policiers en tenant des propos fort inquiétant­s et en se faisant passer pour sa victime.

« [Le suspect] a dit : “j’ai tué ma femme”, qu’il avait ligoté ses enfants, qu’il voulait les tuer et qu’il avait des explosifs », explique Sandra Dion, porte- parole du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ).

Les policiers sont intervenus, arrêtant et menottant M. Pelletier devant ses voisins ahuris.

PENSER AU PIRE

Dans de telles situations, les autorités ne peuvent se permettre de prendre le temps de vérifier pour savoir s’il s’agit d’un canular ou pas.

« On doit toujours penser au pire scénario », poursuit Mme Dion.

Des policiers du SPVQ se sont rendus à deux endroits en même temps : au Lac-SaintCharl­es, où demeurait autrefois M. Pelletier, et à son adresse actuelle, dans le secteur de Lebourgneu­f.

« Tout ça s’est fait en moins d’une heure, fait valoir la porte-parole. On n’a pas pris de chance et on a sécurisé les deux endroits, car il y avait peut-être des vies d’enfants en danger et on parlait d’explosifs. Il y avait urgence d’intervenir. »

Mme Dion indique que le suspect qui a passé le coup de fil malveillan­t n’a pas encore été arrêté et que l’enquête est toujours en cours.

Il pourrait faire face à des accusation­s de méfait et de suppositio­n de personne.

DIFFICILE DE BLÂMER LA POLICE

Bouleversé et humilié par son arrestatio­n, le jeune homme de 23 ans sans histoire déplore que la police n’ait pas fait plus de recherches.

Toutefois, selon l’avocat Me François-David Bernier, le SPVQ ne pouvait pas agir autrement.

« C’est difficile de trouver une faute [dans leur interventi­on]. [Le scénario] était tellement bien monté. Si la police n’agissait pas ainsi avec ce genre de dénonciati­on, c’est là qu’elle serait pointée du doigt. C’est certain que le jeune homme a été humilié, mais pour les policiers, c’était quasiment inévitable », fait-il valoir.

POURSUITE POSSIBLE

Selon l’avocat, c’est le suspect uniquement qu’il faut pointer du doigt. D’ailleurs, M. Pelletier peut envisager une poursuite au civil en diffamatio­n s’il est arrêté.

Il rappelle qu’un méfait public qui entraîne une telle enquête est une faute grave qui pourrait entraîner un maximum de cinq ans d’emprisonne­ment.

Le SPVQ n’a pas voulu s’avancer sur les coûts de l’opération. La porte-parole a toutefois précisé qu’elle a nécessité beaucoup d’effectifs.

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PHOTOS JÉRÉMY BERNIER ET COURTOISIE Des policiers croyaient avoir affaire à un meurtrier armé, alors qu’il s’agissait finalement d’un swatting. Nicolas Pelletier s’est senti humilié, alors qu’il a été arrêté devant ses voisins. En mortaise, les policiers se préparant à intervenir.
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FRANÇOIS-DAVID BERNIER Avocat

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