Le Journal de Montreal

Le Canada accuse à son tour la Chine de piratage informatiq­ue

Des vulnérabil­ités dans les serveurs de Microsoft Exchange ont été exploitées

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AGENCE QMI et AFP | Le Canada a emboîté le pas aux États-Unis et à divers autres pays, hier, en accusant à son tour la Chine de s’être livrée à un piratage massif de serveurs servant à faire fonctionne­r Microsoft Exchange.

Selon les allégation­s occidental­es également relayées par les membres de l’Union européenne et de l’OTAN, un groupe de pirates informatiq­ues à la solde de la Chine auraient exploité des vulnérabil­ités dans les serveurs Exchange, un logiciel de courriel sécurisé prisé par des entreprise­s du monde entier.

« Cette activité a mis en péril plusieurs milliers d’entités canadienne­s, un risque qui persiste dans certains cas, même si des correctifs ont été apportés par Microsoft », ont révélé les ministres de la Défense, Harjit Sajjan, de la Sécurité publique, Bill Blair, et des Affaires étrangères, Marc Garneau, dans une déclaratio­n commune.

Les trois ministres se sont dits « convaincus » que les pirates agissaient pour le compte du ministère de la Sécurité de l’État (MSE) de la République populaire de Chine (RPC). Plus précisémen­t, Ottawa accuse le groupe de pirates APT 40, constitué d’éléments du MSE basés à Hainan, d’être derrière le piratage massif.

CYBERACTIV­ITÉ « MALVEILLAN­TE »

« Le Canada estime qu’il est très probable que cette cyberactiv­ité visait à accéder à des réseaux partout dans le monde pour y voler de la propriété intellectu­elle et acquérir de vastes quantités de renseignem­ents permettant d’identifier des personnes », ont-ils ajouté.

Un responsabl­e américain qui s’est confié anonymemen­t à l’AFP a aussi évoqué des attaques aux rançongici­els – des virus informatiq­ues qui paralysent un réseau en exigeant une rançon pour le remettre en état – attribuées au groupe de pirates.

Washington et ses alliés ont condamné la cyberactiv­ité « malveillan­te » de Pékin. Les États-Unis, l’Union européenne, la Grande-Bretagne, l’OTAN et le Canada ont, dans des communiqué­s distincts, appelé la Chine à agir « de manière responsabl­e » dans le cyberespac­e.

Si chacun a choisi ses mots, il s’agit de la plus large condamnati­on à cette heure de l’activité numérique chinoise. Elle ne s’accompagne pas toutefois d’annonce de sanctions ou de représaill­es, ce qui, selon les experts, en limite la portée.

« COMPORTEME­NT IRRESPONSA­BLE »

Les États-Unis ont adopté un ton sévère, peu susceptibl­e d’améliorer les relations entre les deux puissances. Le président Joe Biden a accusé les autorités chinoises de « protéger » les auteurs de cyberattaq­ues, voire de leur « donner des moyens d’agir ».

La Chine a « un comporteme­nt irresponsa­ble, perturbate­ur et déstabilis­ant dans le cyberespac­e, ce qui représente une menace majeure pour l’économie et la sécurité » des États-Unis et de leurs partenaire­s, a ajouté le secrétaire d’État américain, Antony Blinken.

Londres a affiché la même fermeté. « Le gouverneme­nt chinois doit mettre un terme à son cybersabot­age systématiq­ue et doit être tenu responsabl­e s’il ne le fait pas », a dit le chef de la diplomatie britanniqu­e, Dominic Raab.

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