Le Journal de Montreal

Pourquoi serions-nous complaisan­ts avec la SRC ?

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Abonnés (et enragés) des réseaux sociaux se sont déchaînés contre moi pour la chronique intitulée Les ricaneuses de Radio-Canada.

C’est du moins ce qu’on m’a appris, car je confesse ne pas lire les commentair­es diffusés sur les réseaux sociaux. J’ai déjà trop de choses à lire et je ne voudrais pas qu’il m’arrive ce qu’il est arrivé à Dany Turcotte. J’aimerais néanmoins que mes détracteur­s sachent que sur la soixantain­e de courriels qu’on m’a envoyés concernant ces ricaneuses, un seul n’était pas d’accord avec moi.

Non seulement les adeptes des réseaux sociaux s’en prennent à certaines de mes chroniques — ce qui est parfaiteme­nt leur droit —, mais ils écrivent aussi que je suis toujours hargneux à l’égard de Radio-Canada et trop tolérant à l’égard des diffuseurs privés, en particulie­r TVA.

Les plus hardis ajoutent que je n’ose pas « mordre la main qui me nourrit » ou que je suis à la solde de Pierre-Karl Péladeau, le grand patron de Québecor. Jamais celui-ci n’est intervenu dans le contenu de mes chroniques, quelles que soient les opinions que j’y exprime. J’ai collaboré à une dizaine de quotidiens et de magazines du Québec et nulle part, je n’ai joui d’autant de liberté qu’au Journal de Montréal et qu’au Journal de Québec.

LE RÔLE ESSENTIEL DE LA SRC

C’est vrai que je suis plus indulgent envers les réseaux privés. Même s’ils tirent avantage (tout comme Radio-Canada) de l’aide du Fonds des médias et des crédits d’impôt accordés aux producteur­s indépendan­ts, les réseaux privés ne peuvent pas compter sur les centaines de millions qu’attribue chaque année le fédéral au diffuseur public. Que

TVA ou NOOVO diffusent des séries et des émissions qui rivalisent avec celles de Radio-Canada tient presque du miracle. CTV ou Global n’en font pas autant, puisqu’ils diffusent surtout des séries américaine­s.

Le réseau français de Radio-Canada joue un rôle essentiel. Je l’ai écrit souvent. Pour les francophon­es hors Québec, l’existence de Radio-Canada est même une question de vie ou de mort. Pour mille et une raisons, la CBC n’a jamais réussi à rallier le public du reste du pays. Si Radio-Canada domine l’écoute au Québec, partout au Canada, la CBC est à la traîne.

Malgré la popularité du réseau français et de la radio de Radio-Canada, faut-il pour autant être complaisan­t ? Si plusieurs chroniqueu­rs et journalist­es n’osent guère être critiques envers Radio-Canada, faudrait-il en déduire que les revenus d’appoint que plusieurs touchent en participan­t de façon régulière à leurs émissions en sont la raison ?

RADIO-CANADA N’AIME PAS LA CRITIQUE

Radio-Canada, c’est bien connu, n’aime pas la critique. Plutôt que d’en tirer parti, la direction se défend bec et ongles ou courbe l’échine en attendant que l’orage passe. Le projet de loi C-10, la taxation des GAFA, la pandémie et l’imminence d’élections générales risquent, hélas ! de faire oublier la plupart, sinon toutes, les recommanda­tions du groupe de travail de Janet Yale.

La plupart des Canadiens sont pourtant d’accord pour qu’on précise enfin le mandat de Radio-Canada, pour qu’on y élimine graduellem­ent la publicité et que soit transparen­t le processus de nomination des membres du conseil et du PDG. La majorité souhaite aussi que le diffuseur public soit assuré d’un financemen­t à long terme et que le CRTC réponde de la performanc­e de Radio-Canada auprès du ministère du Patrimoine.

Au train où vont les choses, toutes ces recommanda­tions, si à propos soient-elles, risquent malheureus­ement d’être reléguées aux calendes grecques.

La plupart des Canadiens sont pourtant d’accord pour qu’on précise enfin le mandat de Radio Canada...

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