Le Journal de Montreal

Mieux protéger les victimes de violence conjugale

Les suspects doivent avoir un encadremen­t plus strict, selon des intervenan­tes

- LAURENT LAVOIE

Les hommes violents doivent être mieux encadrés pour empêcher qu’ils sévissent à nouveau contre leurs victimes, réclament des intervenan­tes en matière de violence conjugale, alors qu’un 14e féminicide ébranle le Québec.

« On veut bien assurer le filet de sécurité autour de la victime, mais qu’est-ce qu’on fait avec le contrevena­nt ? » soulève Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergemen­t pour femmes (FMHF).

L’homme soupçonné d’avoir commis le 14e féminicide dans la province n’avait pas le droit de mettre les pieds dans la demeure de la femme qu’il aurait assassinée lundi, à Montréal.

Il lui était interdit d’entrer en contact avec sa conjointe, car il avait été accusé de l’avoir menacée de mort ou de lésions corporelle­s il y a quelques mois.

Afin de s’assurer qu’un suspect n’entre pas en contact avec les victimes, l’utilisatio­n d’un bracelet électroniq­ue est souvent suggérée par les intervenan­ts du milieu.

LIBERTÉ OU PROTECTION ?

« Ça pose des questions au niveau des droits et libertés, note Mme Monastesse. Qu’est-ce qui prévaut ? Est-ce que c’est le droit à la liberté, dans notre système de justice où on est innocent jusqu’à preuve du contraire, ou c’est le droit à la sécurité de la vie des victimes […] ? »

Par ailleurs, l’applicatio­n complète des 190 recommanda­tions du rapport Rebâtir la confiance, publié en décembre par un comité d’experts pour aider les victimes à regagner confiance dans le système de justice, se fait toujours attendre.

On y faisait mention d’un projet pilote qui est implanté dans quelques districts au Québec et qui vise à évaluer les conjoints ayant des comporteme­nts violents dès le stade de la mise en liberté provisoire.

Des agents de probation déterminen­t le niveau de risque du contrevena­nt et en informent les autorités judiciaire­s.

Un tel outil serait à utiliser partout en province, selon les intervenan­tes consultées par Le Journal.

ACCOMPAGNE­R LES FEMMES

De plus, les victimes de violence conjugale qui ont porté plainte doivent pouvoir développer un « réseau de protection », mentionne Sabrina Lemeltier, présidente de l’Alliance des maisons d’hébergemen­t de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale.

Ces femmes devraient être accompagné­es par une intervenan­te « rapidement » pour créer une relation de confiance, même si elles ne souhaitent pas aller dans une maison d’hébergemen­t, soutient Mme Lemeltier.

Il faut trouver un moyen de « rejoindre les femmes qui ne viennent pas à nous », insiste-t-elle.

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PHOTO AGENCE QMI, THIERRY LAFORCE Plusieurs agents du Service de police de la Ville de Montréal ont été dépêchés sur les lieux du crime survenus lundi dans le quartier de Parc-Extension, à Montréal. Le suspect n’avait toujours pas été localisé hier en fin de soirée.
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MANON MONASTESSE Directrice FMHF

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