Bons pour la poubelle
Tellement inconfortables que les éducatrices ne les utilisent plus, mais le ministère continue à les livrer
Si inconfortables que les masques à fenêtre transparente destinés aux garderies ne sont plus utilisés par les éducatrices. Résultat : les stocks s’empilent et envahissent les bureaux coordonnateurs, responsables de leur distribution.
À Québec, la directrice d’un bureau coordonnateur affirme avoir en sa possession plus de 12 000 masques à fenêtre en surplus. Malgré ses demandes d’arrêt de livraison au ministère de la Famille, elle en recevra la même quantité cette semaine.
« C’est très envahissant. Pour stocker toutes ces caisses, on utilise les espaces communs de tout le personnel. Ça devient très problématique », affirme la directrice, qui préfère conserver son anonymat de peur de représailles.
« Une chance que nous sommes encore en télétravail, puisque je ne sais pas où je mettrais les employés avec toutes ces boîtes », ajoute de son côté, Lucie Thériault, directrice générale du regroupement des CPE des Cantons-de-l’Est.
« Nous n’avons aucune idée de ce que nous ferons de ces masques », dit-elle.
FABRIQUÉS EN CHINE
Depuis le mois de mai, les bureaux coordonnateurs, qui desservent normalement les services de garde en milieu familial, agissent comme « point de chute » pour les livraisons de masques, destinés à tous les types de garderies sur son territoire.
Les responsables des services de garde doivent s’y rendre chaque mois, pour récupérer le matériel.
Toutefois, les masques de l’entreprise Medsup, fabriqués en Chine, sont boudés par bon nombre d’éducatrices.
« Les éducatrices sont épuisées et ont décidé d’abandonner ce combat », affirme la directrice du regroupement des Centres de la petite enfance (CPE) de Québec et de Chaudière-Appalaches, Elise Paradis.
En avril dernier, Le Journal rapportait d’ailleurs les commentaires de plusieurs d’entre elles, à l’effet que ces masques embuent rapidement, leur causent des maux de tête, qu’il est difficile d’y respirer et surtout, de se faire entendre auprès des enfants.
« On dit aux garderies de venir les chercher, mais on nous dit qu’ils ne les veulent pas, que les éducatrices ne veulent plus les porter », mentionne la directrice d’un bureau coordonnateur de Québec.
RETOUR À LA CASE DÉPART
Ainsi, force est de constater que c’est le retour à la case départ, alors que bon nombre d’éducatrices choisissent de revenir au port de masques de procédure (masques bleus). Les plus « grands perdants » de ce « boycott » des masques à fenêtre sont les enfants, se désole-t-on.
Ces masques devaient leur permettre de voir le visage et les lèvres de leur éducatrice, favorisant ainsi leur développement et l’apprentissage du langage.
APPEL D’OFFRES SUR LA GLACE
Un troisième appel d’offres visant à desservir les garderies d’août à décembre a d’ailleurs été lancé, favorisant désormais les produits fabriqués en partie au Québec.
Selon nos informations, c’est la compagnie québécoise Prémont qui l’a emporté.
Toutefois, les importants stocks restants de masques chinois pourraient compromettre le contrat de près de 2 M$.
Questionné par Le Journal, le porte-parole du ministère de la Famille, Bryan St-Louis, n’a pas pu préciser ce qui adviendra de ces surplus de masques à fenêtre.
« Il est prévu que les masques soient utilisés », a-t-il insisté.
Le ministère a également confirmé qu’il continuera d’effectuer des livraisons aux bureaux coordonnateurs, tant que la Santé publique exigera le port du masque en garderies.