Le Journal de Montreal

Québec débranche Énergie Saguenay

Le gigantesqu­e projet visant à liquéfier et exporter du gaz naturel de l’Ouest canadien est officielle­ment mort

- VINCENT LARIN

L’entreprise GNL Québec a échoué à convaincre le gouverneme­nt Legault de l’aspect vert de son projet d’usine de liquéfacti­on de gaz naturel Énergie Saguenay qui « ne pourra pas voir le jour ».

C’est ce qu’a annoncé hier le ministre de l’Environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s, Benoit Charette, en visite au Saguenay pour l’occasion.

« On avait parlé d’un projet qui se devait de favoriser la transition énergétiqu­e et de contribuer à une diminution mondiale des gaz à effet de serre [GES] et à ce niveau le promoteur n’a pas réussi à en faire la démonstrat­ion », a-t-il déclaré.

« Au contraire », les réponses transmises par l’entreprise laissaient craindre au gouverneme­nt une augmentati­on irréversib­le des GES dans les pays où serait exporté le gaz produit, a précisé le ministre.

PLUS DE NÉGATIF QUE DE POSITIF

« C’est un projet qui a plus de désavantag­es que d’avantages », a-t-il tranché en ajoutant plus tard que l’entreprise devrait recommence­r tout le processus d’évaluation environnem­entale si elle souhaitait déposer une nouvelle mouture du projet. Combiné à la constructi­on d’un gazoduc, il aurait nécessité des investisse­ments de 14 milliards $ .

Depuis plusieurs semaines, les tuiles ne cessaient pourtant de s’abattre sur Énergie Saguenay, que développai­t GNL Québec depuis maintenant plus de six ans.

Déjà, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent (BAPE) avait rendu un avis défavorabl­e à son sujet en soulignant que le projet de liquéfacti­on et d’exportatio­n de gaz naturel entraînera­it un ajout d’émissions de gaz à effet de serre (GES).

La décision du gouverneme­nt Legault était attendue de pied ferme, en particulie­r par les groupes environnem­entaux qui souhaitaie­nt le voir rejeté pour de bon.

Les réactions ne se sont donc pas fait attendre hier, tant du côté des partisans que des opposants.

« Nous sommes évidemment déçus et surpris de cette annonce et notre conseil d’administra­tion évaluera les prochaines étapes afin de composer avec cette décision difficile qui se répercute sur nos employés, nos investisse­urs et nos parties prenantes », a fait savoir GNL Québec.

« L’annonce du refus du projet GNL Québec/Gazoduq par le gouverneme­nt québécois démontre qu’il n’y a plus d’avenir pour les projets fossiles », a affirmé une coalition de groupes de la société civile dont fait partie la Fondation David Suzuki et Greenpeace.

À Québec, les trois partis d’opposition étaient contre. Le Parti libéral du Québec, qui avait déjà appuyé le projet par le passé, a changé son fusil d’épaule quelques jours avant la publicatio­n du rapport défavorabl­e du BAPE, en mars dernier.

L’OPPOSITION APPLAUDIT

« J’applaudis, c’est la seule bonne décision qu’il peut y avoir dans ce dossier-là », s’est réjouie la porte-parole du PLQ en matière d’environnem­ent, Isabelle Melançon. Elle remet toutefois en question l’approche du gouverneme­nt qui a gardé la porte ouverte à d’autres projets semblables à l’avenir.

« Aujourd’hui, la CAQ de François Legault a simplement rendu la seule décision qui s’imposait et il était temps qu’elle soit prise ! On a perdu beaucoup de temps avec un projet polluant comme GNL Québec au lieu de proposer aux citoyens et citoyennes du Saguenay des projets de développem­ent économique verts et justes », a estimé sa vis-à-vis solidaire, Ruba Ghazal.

« C’était la seule chose à faire, tant d’un point de vue climatique qu’économique. Maintenant, nous pourrons véritablem­ent envisager des projets autrement plus rassembleu­rs, qui laisseront un héritage intéressan­t aux génération­s futures », a insisté pour sa part le député péquiste Sylvain Gaudreault, un des seuls élus de la région qui s’était officielle­ment prononcé contre le projet de GNL Québec.

 ?? CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES ?? Le ministre de l’Environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s, Benoit Charette, a confirmé, hier, à Saguenay, le rejet du projet proposé par GNL Québec.
CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES Le ministre de l’Environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s, Benoit Charette, a confirmé, hier, à Saguenay, le rejet du projet proposé par GNL Québec.

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