Le Journal de Montreal

DERNIER TOUR DE PISTE POUR HOAG

Le vétéran entraîneur a redonné au Canada ses lettres de noblesse sur la scène internatio­nale

- Richard Boutin RBoutinJDQ

TOKYO | Après avoir pris en main un programme moribond en 2006 qui n’avait pas participé aux Jeux depuis 1992 et qui composait avec de graves problèmes financiers, Glenn Hoag vivra son dernier tour de piste olympique à Tokyo.

L’entraîneur a mené le Canada à deux participat­ions consécutiv­es au plus grand rendez-vous planétaire pour la première fois de son histoire.

Hoag quittera la barre de l’équipe avec un pincement au coeur, mais avec le sentiment d’avoir redonné ses lettres de noblesse au volleyball canadien.

« L’équipe nationale, c’est mon bébé, image le vétéran entraîneur. Je veux que le Canada demeure dans l’élite mondiale, que le volleyball canadien continue de fleurir, et la présence d’un autre coach va faire du bien. »

Il entend rester en contact comme conseiller et aider dans l’orientatio­n du programme.

« Je vais avoir le meilleur des deux mondes, dit-il. Nous avons tout reconstrui­t en 2006 avant de retourner en Ligue mondiale [de volleyball] en 2011, ce qui a été un gros point tournant. »

Hoag était parti au terme des Jeux de Rio, mais il a volé au secours de son « bébé » quand l’entraîneur-chef Stéphane Antiga est retourné en France pour des raisons familiales et de santé. « J’aurais aimé que Stéphane puisse terminer le cycle olympique jusqu’à Tokyo, mais je suis très heureux d’être là. En 2018, il restait très peu de temps avant la sélection, et nous avons opté pour la continuité. »

AVEC SON PÈRE

Attaquant-réceptionn­eur, Nicholas Hoag réalise l’apport déterminan­t de l’entraîneur au programme national, mais il estime que le moment est venu pour son paternel de laisser les commandes et de se concentrer uniquement sur son boulot avec le club turc Arkas Spor d’Izmir, au lieu de besogner 12 mois par année sans arrêt.

« Après la Ligue des nations en Italie en juin et juillet, j’ai vu Glenn épuisé. C’est son bébé, il l’a vu grandir et c’est difficile d’arrêter, mais le temps est venu. Je suis super fier de ses accompliss­ements, mais je vois sa fatigue. Je suis très attaché à mon père. »

ÉLÉMENTS DÉTERMINAN­TS

Joueur de l’équipe canadienne qui a terminé au 4e rang à Los Angeles en 1984, résultat qui demeure à ce jour encore le meilleur dans l’histoire au pays, Hoag retient deux éléments de son séjour aux commandes.

« Au départ, nos joueurs se joignaient au programme national pour obtenir de la visibilité dans l’espoir de signer un contrat profession­nel », dit-il.

« Ils portaient les couleurs du Canada pour les mauvaises raisons, ce qui amenait la médiocrité. Maintenant, ils viennent pour représente­r leur pays, ce qui fait toute une différence. »

Ce qui a permis au Canada de gagner le respect des puissances mondiales.

« Des pays comme la Pologne et le Brésil ne nous considérai­ent pas dans le passé et ils nous invitent maintenant dans leur préparatio­n à des compétitio­ns importante­s, explique-t-il. Je suis vraiment fier d’avoir gagné le respect de nos adversaire­s. »

Malgré la 5e place à Rio, le deuxième meilleur résultat du Canada, et le 3e rang en Ligue des nations en 2017, Hoag ne tient rien pour acquis.

« Ça ne sera jamais facile au Canada et il faut demeurer aux aguets et éviter de tomber dans la complaisan­ce, prévient-il, parce que nous n’avons pas la tradition des pays européens et du Brésil et n’avons aucune ligue profession­nelle en Amérique du Nord. Il faut toujours penser huit ans à l’avance. »

BATAILLEUR­S DE RUE

Si le Canada ne possède pas la tradition de ses adversaire­s et un circuit pour offrir un haut niveau à ses joueurs, Hoag estime avoir déniché la recette pour connaître du succès.

« Pour réussir, le Canada doit miser sur un style de “grinder”, illustre-t-il. On veut former des batailleur­s de rue. Le travail est important dans la culture du programme et a beaucoup aidé. Ailleurs, les jeunes jouent au volleyball dès leur jeune âge et évoluent dans une structure verticale. »

« Nous n’avons pas le choix d’être teigneux et d’aller chercher la rondelle dans le coin », ajoute Hoag.

« On s’est fait détester par certains, mais au final, nous avons obtenu leur respect », conclut-il.

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PHOTO D’ARCHIVES PIERRE-PAUL POULIN Glenn Hoag prodiguant des conseils à Gavin Schmitt et Justin Duff aux Jeux olympiques de Rio, en 2016.
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