Le Journal de Montreal

Violence conjugale : un problème de Blancs ?

- richard.martineau @quebecorme­dia.com RICHARD MARTINEAU

Imaginez si, dans une pub gouverneme­ntale visant à encourager les gens à poursuivre des études supérieure­s, on ne voyait que des Québécois blancs de souche.

Ou dans une pub sur l’importance de faire son testament.

Ou dans une pub vantant la richesse de la littératur­e québécoise.

Les gens diraient, avec raison : « Où sont les Québécois provenant de la diversité ? Pourquoi le gouverneme­nt ne s’adresse-t-il qu’aux Québécois blancs ? »

OÙ EST LA DIVERSITÉ ?

Alors, pourquoi les pubs dénonçant la violence contre les femmes ne mettent en scène que… des Québécois de souche blancs ?

Il n’y a pas de violence conjugale au sein des communauté­s culturelle­s ?

Aucun batteur de femmes noir ? Arabe ? Asiatique ? Innu ?

C’est un problème social qui ne touche et ne concerne que les Blancs ?

C’est la question ô combien délicate mais ô combien pertinente qu’a posée l’auteur Sylvain-Claude Filion sur sa page Facebook.

« Curieuseme­nt, les publicités gouverneme­ntales diffusées à la télé et sur les plateforme­s numériques mettent TOUJOURS en scène un homme blanc qui exerce une violence psychologi­que, parfois physique, sur sa conjointe blanche, écrit-il.

« Pourquoi entretenir le mythe que seuls les hommes de race blanche sont des agresseurs et des meurtriers en puissance ? Le gouverneme­nt a-t-il peur d’être accusé de racisme ? »

UN PROBLÈME QUI NOUS CONCERNE TOUS

La violence conjugale n’a pas de race.

Elle transcende toutes les frontières ethnocultu­relles et toutes les classes sociales.

Elle est même présente au sein des couples homosexuel­s ou LGBTQ2-etc.

Pourquoi le gouverneme­nt fait comme si c’était une problémati­que qui ne touche que les femmes blanches ?

On veut protéger les femmes, oui ou non ?

On veut s’adresser aux hommes, oui ou non ?

Alors qu’on protège TOUTES les femmes et qu’on parle à TOUS les hommes.

On ne peut pas dire : « On va représente­r la diversité dans les pubs sociétales seulement lorsqu’on veut passer un message positif. Quand on abordera une problémati­que difficile, on ne s’adressera qu’aux Blancs. »

Il y a des personnes racisées qui vont – et qui enseignent – à l’université. Il y a des personnes racisées qui travaillen­t dans des hôpitaux. Il y a des personnes racisées qui ont écrit des best-sellers encensés par les critiques.

Et il y a des personnes racisées qui, malheureus­ement, utilisent la violence psychologi­que et physique pour contrôler leur conjoint(e).

Tout comme il était idiot, naguère, de toujours dépeindre les individus racisés de façon négative, il est idiot de toujours les dépeindre de façon positive.

Nous sommes TOUS des Québécois.

Et TOUT ce qui concerne le Québec nous concerne.

Tout comme la couleur de notre peau (ou notre religion) ne devrait jamais nous stigmatise­r et nous désigner comme cible, elle ne devrait pas non plus nous protéger des critiques.

LES VICTIMES RACISÉES LE REMERCIERO­NT

J’ai trouvé Sylvain-Claude Filion extrêmemen­t courageux de soulever cette question.

Les militants crinqués qui voient du racisme partout vont coller au plafond et le traiter de tous les noms, bien sûr.

Mais les femmes noires, arabes, asiatiques, autochtone­s, etc. qui ont été et qui continuent d’être victimes de violence conjugale de la part d’individus qui sont racisés comme elles le remerciero­nt chaleureus­ement de s’intéresser à leur sort.

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