Le Journal de Montreal

Comment bien profiter du REEE ?

- Daniel Germain daniel.germain @quebecorme­dia.com

On n’a pas manqué de vous casser les oreilles sur l’importance de cotiser à un régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour votre enfant.

Maintenant que votre petit est fin prêt à faire son entrée au cégep ou à l’université, vous vous demandez comment retirer l’argent de là.

Tour guidé.

L’ACCUMULATI­ON

Au bénéfice des plus jeunes parents qui ne sont pas arrivés à cette étape, et pour mieux saisir la suite, reculons un peu et voyons comment ça marche, le REEE.

1 C’est un compte enregistré à l’intérieur duquel on peut investir comme dans un REER, avec les mêmes produits financiers : des actions, des fonds communs de placement, des fonds négociés en Bourse (FNB), des certificat­s de placement garanti (CPG), etc. Les rendements s’accumulent à l’abri de l’impôt et l’investisse­ur habile peut se faire bien du fun.

2 Les deux paliers de gouverneme­nt encouragen­t l’épargne en versant au régime des subvention­s totalisant 30 % des sommes cotisées, pour un maximum de 750 $ par année (et une bonificati­on pour les ménages à revenus moins élevés). Sur toute la durée d’un REEE, les parents peuvent accumuler 10 800 $ en subvention­s, et ce, par enfant. Cet argent peut être investi de la même manière que l’apport des parents (ou de n’importe quel autre souscripte­ur – grands-parents, oncles, tantes…).

LE DÉCAISSEME­NT

Rien n’empêche d’investir de manière agressive dans un REEE. Toutefois, dès que le jeune entre au secondaire, on doit penser à réduire progressiv­ement le niveau de risque du portefeuil­le, car ce serait bête de voir ses gains s’évaporer juste avant que l’enfant ne puisse en profiter.

Le compte REEE se sépare en deux parties : d’un côté, les cotisation­s des souscripte­urs, de l’autre coté, les subvention­s et les rendements produits par les investisse­ments. Cette portion revient au bénéficiai­re et lui sera versée par des « paiements d’aide aux études » (PAE). Cet argent est imposable entre les mains de l’étudiant, mais comme les revenus du jeune sont généraleme­nt faibles, il y a peu ou pas d’impôt à payer.

Le capital, quant à lui, appartient toujours aux souscripte­urs, ces derniers peuvent le récupérer sans impact fiscal et en faire ce qu’ils veulent. Il sert souvent à financer les études.

DÉCLENCHER LES RETRAITS

Ce sont les souscripte­urs qui décident du moment où les premiers PAE seront payés à l’enfant. Le bénéficiai­re doit d’abord être inscrit à un programme d’études postsecond­aires reconnu, que ce soit dans une filière profession­nelle, dans le réseau collégial ou dans une université.

Les PAE ne peuvent dépasser 5000 $ au cours des 13 premières semaines d’études à temps plein. Ce plafond est abaissé à 2500 $ pour les étudiants à temps partiel (12 heures par semaine minimum).

Après, il n’y a pas de limites aux paiements, pourvu que le bénéficiai­re poursuive des études au moment des retraits. Dès que l’étudiant commence à percevoir de l’argent du régime, les souscripte­urs peuvent récupérer leurs billes. L’idéal, tout de même, serait d’y laisser l’argent fructifier aussi longtemps que l’enfant reste aux études.

DES PIÈGES À ÉVITER

Selon Charles Hunter-Villeneuve, fiscaliste chez iA Groupe financier, on doit faire gaffe de ne pas retirer l’argent trop vite, surtout si les parents ont cotisé l’année du 17e anniversai­re de leur enfant, année qui correspond au début des études postsecond­aires.

Le moindre empresseme­nt des parents à récupérer leurs billes pourrait faire perdre des subvention­s, signale l’auteur d’une série de bandes dessinées d’éducation financière, Lire et

Tirelire.

« Si j’ai contribué au REEE au début de l’année et que je retire de l’argent l’automne suivant, le gouverneme­nt québécois va en tenir compte dans le calcul de sa subvention. Celle-ci ne sera pas basée sur la cotisation uniquement, mais sur la différence entre la contributi­on du début de l’année et le retrait effectué par la suite », explique Charles Hunter-Villeneuve. Ça n’affecte pas les subvention­s fédérales.

Dans le cas des familles monoparent­ales, les revenus d’un enfant de moins de 18 ans peuvent affecter le Crédit d’impôt pour personne à charge admissible, une mesure fiscale dont j’ai déjà parlé ici : [https://www.journaldem­ontreal.com/2021/05/13/les-impactsdu-travail-dun-ado-sur-les-impots-deses-parents].

Les PAE entrent dans les revenus de l’enfant, réduisant le crédit d’impôt du parent.

Pour éviter une mauvaise surprise de ce genre, Charles Hunter-Villeneuve recommande d’attendre l’année du 18e anniversai­re de l’enfant avant de demander les premiers PAE et de piger dans le capital du REEE.

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