Le Journal de Montreal

Les fusillades C’EST ASSEZ

Au lendemain de la fusillade qui a fait trois morts dans l’est de la ville, de nombreuses voix se sont élevées, hier, pour que cesse la vague de violence qui frappe la métropole.

- ERIKA AUBIN

Au lendemain de la funeste fusillade dans Rivière-des-Prairies, des citoyens apeurés par les coups de feu et la violence ont décidé de quitter définitive­ment le quartier.

« C’est la goutte qui a fait déborder le vase. C’est fini, j’abandonne Montréal », a lancé Patrick Ndanga.

Lundi soir, la rafale qui a fait trois morts ainsi que deux blessés a éclaté directemen­t dans la cour avant de l’immeuble où il vit avec sa femme et leurs trois enfants.

« J’avais déjà acheté une maison à Québec, où je travaille. Je devais prendre le temps de la rénover et on devait emménager après, a-t-il expliqué. Mais là, je nous laisse deux semaines pour partir d’ici. »

LES MARTEAUX AU LIEU DES BALLES

« Je préfère que mes enfants entendent le bruit des marteaux plutôt que le bruit des balles », a-t-il laissé tomber avant de retourner auprès de sa famille traumatisé­e par les événements.

Dépassée par cette violence entre gangs de rue, Jessica Auger a aussi pris la difficile décision de quitter Rivière-des-Prairies, le quartier qui l’a pourtant vue grandir.

« Sinon un matin je vais me lever et ça va être mon enfant qui va être touché. Une balle perdue, ça arrive vite », a-telle illustré.

Plusieurs résidents ont rapporté au Journal être d’abord inquiets pour la sécurité des enfants, car les plus récents événements impliquant des armes à feu se sont produits à toute heure du jour.

La fusillade de lundi, survenue vers 19 h, en est un exemple.

« Quand j’étais jeune, je jouais dehors avec mes amis, et on ne se souciait pas de qui allait tirer sur n’importe qui. Ça va prendre quoi, pour qu’on fasse quelque chose ? Qu’un enfant meure ? », a demandé Christina Grand-Pierre, 19 ans, qui habite le secteur depuis toujours.

MONTRÉAL PAS SÉCURITAIR­E

« Les armes à feu n’ont pas leur place dans nos quartiers. Il n’y a rien qui me fait plus mal que des gens qui me disent : “Je veux quitter mon quartier parce que j’ai peur que mes enfants jouent au parc” », a mentionné Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondisse­ment Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.

« Ceux qui disent que ce sont des incidents isolés se trompent. Montréal n’est pas sécuritair­e présenteme­nt », a renchéri le candidat à la mairie, Denis Coderre.

Ces fusillades qui éclatent en pleine rue, à la lumière du jour, rappellent d’ailleurs à un père de famille la guerre des motards, à la fin des années 1990.

« C’est une question de temps avant qu’un enfant comme le petit Daniel Desrochers ne devienne une victime collatéral­e [des gangs de rue] », s’est alarmé celui qui a préféré rester anonyme.

« Il faut mettre plus de ressources pour protéger nos rues. On parle de vies humaines ici, ça n’a pas de prix », a-t-il poursuivi en disant que sa fille a maintenant peur de simplement promener le chien.

- Avec Laurent Lavoie

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Des policières faisaient du porte-à-porte dans Rivière-des-Prairies hier afin de récolter des informatio­ns sur la fusillade mortelle survenue lundi soir.

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